Le pivot d'Héricy

Mes critiques littéraires

posté le 24-05-2012 à 17:50:50

Le théâtre des rêves de Bernard Foglino

                             

 

 

Un roman très original, c'est le moins que l'on puisse écrire...une phrase de l'auteur à propos de son récit l'illustre parfaitement: " Rien ne tenait debout dans cette histoire, mais tout était soigneusement orchestré." A lire "Le théâtre des rêves", ce roman farfelu et drôle, on se demande dans quelle mesure il est raisonnable pour notre société de laisser en totale liberté un individu capable d'écrire un roman si déjanté! J'exagère...mais après tout l'auteur aussi. (il semblerait qu'il ait un métier on ne peut plus sérieux...analyste financier...brrr... !).

J'ai quand même eu peur au début, après 4 chapitres, je voyais l'affaire mal partie quand le héros, Baptiste Flamini, spécialisé dans les collections (il amasse et stocke chez lui timbres, livres, cartes téléphoniques, bref tous objets publicitaires ou figurines...) reçoit comme mission de recueillir une mèche de poils d'Elvis Presley ! Commande passée par un dénommé Ali, grand médium et voyant, qui collectionne les poils des célébrités! Bon...! Flamini se rend au rendez-vous muni de faux poils pubiens d'Elvis (forcément) et se fait agresser et frapper violemment car la supercherie est découverte par le mage Ali; et puis, pour clarifier l'affaire et la rendre plus crédible encore (!), le héros apprend qu'il est désormais envouté par un certain esprit des marais nommé Bamba...Re-bon...!

Un rien abraca-dantesque plutôt que simplement dantesque...On pouvait craindre le pire et après cette mise en bouche, peut-être le meilleur restait à venir.

Mais revenons au récit: Flamini habite le 9ème arrondissement de Paris en compagnie d'un charmant co-locataire, écrivain maudit et manchot qui s'appelle Robert ayant la particularité d'écrire ses "oeuvres" la nuit lorsqu'il garde les morts à la morgue; parmi ces titres, citons notamment " L'invasion des acariens géants" , tout un programme ! 

Un jour, notre héros est sollicité par un dénommé Vacquier pour retrouver un album de vignettes France Images de 1973 appartenant à son fils et qui aurait disparu. Drôle d'énigme !C'est pourtant à partir de ce fait que se construit la trame du roman et c'est ce qui va conduire notre héros dans une rocambolesque quête où finalement l'enjeu (celui de garder sa vie) est bien plus important que le jeu... Bernard Foglino, assurément fan de football, va alors nous offrir dans son truculent (!) roman un casting de tous les diables, (...diables rouges bien sûr !), faisant cotoyer Marcel Amont, Harrisson Ford, Josip Skoblar,le général Patton ou avec une certaine prémonition pour l'actualité ...François Hollande !!!

"Le théâtre des rêves " , pour ceux qui ne le savent pas, c'est l'autre nom du stade de football de Manchester United. Page 87 : "...c'est en référence à Old Trafford, le stade mythique de Manchester United. C'est le nom qu'on lui donne en Angleterre." et dans le livre, le fameux théâtre est un bar, lieu de rencontre pour nostalgique amateur des rencontres de football...et c'est là que Flamini va prendre contact avec un certain Thierry Fringant (pastiche de Thierry Roland, of course !) qui va le mettre sur la voie pour retrouver le fameux album...

 

Ce livre est  un bon roman, malgré son haut taux de "farfeluterie", un bon moment de détente car il est bien écrit, bien pensé (à la limite quand même sur la fin...pas trop aimé l'intervention de Casimir...!); le vocabulaire y est riche, c'est une écriture vivante, très actuelle (j'y ai trouvé des réminiscences "Sagalovischiennes"), le récit est rebondissant comme le ballon rond évoqué dans l'histoire et les références à ce sport nombreuses...

L'auteur ayant réitéré son méfait, à savoir -écrire un roman-, je suis curieux des autres livres de Bernard Foglino.

Aux Editions Buchet Chastel donc " La mécanique du monde " et  "Bienvenue dans la vraie vie" (paru en juillet 2011).A voir...

 

Pour ceux que l'auteur intéresse, l'adresse de son blog:

 

http://carnetsdumontana.eklablog.com/accueil-c974521

 

 

 


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posté le 12-05-2012 à 07:20:51

La petite fêlée aux allumettes de Nadine Monfils

 

 

  parce que je ne mets pas de demi-coeur...

 

 

 

 Tout commence par le titre qui est déjà un mauvais jeu de mots, approximation de "La petite fille aux allumettes". Mais n'est pas Andersen qui veut, n'est pas non plus Frédéric Dard qui veut...Pour faire de l'humour ( humour sur lequel n'aurait pas craché Nadine Monfils), ce livre me rappelle la publicité pour la boisson Canada Dry: ça ressemble à l’alcool, c’est doré comme l’alcool… mais ce n’est pas de l’alcool  !!!

 Ce livre se veut un "comicpolar" (néologisme), un livre qui devrait être drôle, délibérément imaginaire et farfelu, virevoltant et théâtral. Ca n'a été pour moi qu'un livre particulièrement vulgaire, dénué de finesse et de poésie reposant sur des personnages incrédibles dans un scénario improbable...Le loufoque a ses limites, je le supporterais voire l'apprécierais si l'écriture était belle, s'il y avait une poésie, un imaginaire mais là, même pas. Désolant par moment.

 L'histoire se déroule dans une ville imaginaire nommée Pandore que l'auteur affuble de quelques particularités (des habitants ressemblant au personnage de Magritte avec son chapeau, une boisson unique, appelée..kamawak -je ne sais plus exactement-, un maire que personne n'a jamais vu etc...) et, outre le lieu, il y a des personnages irréels, sortis de nulle part si ce n'est de l'esprit loufoque de l'auteure. Dans le désordre citons...

  • Mémé Cornemuse, vieille nymphomane ultra-vulgaire qui habite au début du livre avec un certain Jean-Claude, le clone de JCVD alias Jean-Clade Van Damme (nous avons droit à un chapelet de ses célèbres citations...il faut rire, si, si...); elle est fane d'Annnie Cordy et tombe tous les hommes qu'elle trouve, n'hésitant pas à "buter" les gens qui l'insupportent...son langage est un langage de charretier...et c'est parfois franchement insupportable.

  • L'inspecteur Cooper, l'inspecteur solitaire qui collectionne et triture des petits canards en plastique dans la poche de son manteau pour se rassurer; et, détail absolument essentiel, sa femme de ménage a disparu, juste après avoir fait sortir son chien qui s'est fait écraser....L'inspecteur a comme second , comme bras droit un dénommé Derval qui...

  • Derval donc, homosexuel, travesti qui, le jour, est un enquêteur de la police française et la nuit, se fait appeler Betty et ...est une prostituée...(parfaitement crédible...ou bien parfaitement drôle, j'hésite..). C'est dramatique...

  • Nake enfin, (les autres personnages sont mineurs) avec qui l'histoire commence, qui est une jeune femme paumée qui récupère une boîte d'allumettes dans la main de sa grand-mère morte et qui, dès qu'elle gratte une allumette, provoque un rêve prémonitoire qui est un transfert d'un conte (Blanche Neige , le Petit Poucet...) et par la même, l'assassinat d'une petite fille...Nake qui, au décès de sa grand-mère, cherche à retrouver la trace de son père qu'elle n'a jamais connu, enquête sur sa famille.

 Voilà, les personnages ci-dessus s'entrecroisent dans un pseudo roman policier...et pour moi, c'était un calvaire, un roman ennuyeux, d'une vulgarité extrême., je n'ai fait que buter de chapitre en chapitre....Stop.

 

Il y a des livres qui vous tombent dans les mains, on ne sait pas trop comment...


PS ...et pour respecter la pensée et l'équilibre du jugement, voici un article sur un blog qui dit bien autre chose...


http://black-novel.over-blog.com/article-la-petite-felee-aux-allumettes-de-nadine-monfils-belfond-99998270.html

 


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posté le 05-05-2012 à 08:20:58

Les anges de New York de R.J. Ellory

                   

 

La 4ème parution de R.J. Ellory est encore une réussite, les éditions Sonatine ont trouvé LA perle !

En mettant en scène et au coeur de son thriller l'inspecteur de police Frank Parish du NYPD, Ellory plonge le lecteur dans les tourments psychologiques d'un flic à la Serpico, un solitaire, un homme en rupture avec sa vie, relié encore à la société par une sorte de vocation:  « être un flic ».

Ne reniant pas ses origines irlandaises, Parish est un buveur invétéré de Bushmills, il vient d'être sanctionné par le NYPD suite à la récente mort de son collègue. Il est divorcé, ses relations avec son ex sont très compliquées et il ne voit que très peu ses deux grands enfants. Occasionnellement, il fréquente une escort-girl. Et puis, Parish traine comme un boulet le souvenir de son père, un flic ripou des « Anges de New York ». Pour tout ceci, on l'oblige à suivre une psychothérapie dont Ellory nous offre le contenu par chapitres, parties essentielles du livre qui nous aident à mieux connaître le personnage principal.

Ce que tente de nous dire l'auteur dans ce roman, c'est qu'un flic ne peut être un « fonctionnaire », un homme qui cloisonnerait sa vie privée et sa vie professionnelle; un flic ne peut ressortir indemne de ce qu'il vit, des enquêtes qui le hantent. Car quand on est flic, on l'est jusqu'au plus profond de soi-même... ce qui pousse à se perdre, s'éloigner des autres, de sa famille et à s'enfermer dans la recherche du crime...

L'essentiel de ce roman noir est là donc, dans le personnage, et non dans la résolution d'une enquête. Mais, tout de même, enquête il y a.

Rebecca, Jennifer, Karen, Kelly, Nicole et Melissa (dans le désordre) sont toutes de jolies jeunes filles d'environ 16 ans qui sont retrouvées assassinées après avoir été endormies et violées...encore un sérial killer...Quel est le lien entre ces crimes, comment retrouver celui qui en est l'auteur? Quelles sont les motivations du criminel? Au coeur d'un New York plus noir que jamais, C'est Frank Parish qui va nous débrouiller cette affaire, aidé de son nouveau jeune second Jimmy Radick.

Ellory a réussi à me captiver dans cette histoire, une fois de plus. Je me suis retrouvé englouti comme le héros Parish engloutit les bouteilles de whiskey. L'enquête avance à petits pas, on suit les travers, les errements de la vie de Parish en même temps que son raisonnement pour résoudre l'enquête ; le personnage de Parish est aussi fort professionnellement qu'il est faible dans son relationnel familial; sa foi en son métier, ses intuitions et sa force de conviction vont lui permettre d'appréhender le criminel.

C'est un roman qui démarre très fort, se lit très facilement et les nombreux chapitres qui sont courts rythment bien l'histoire. Le dénouement est somme toute original...ce qui en fait un livre très bien ficelé, comme toujours avec cet auteur.

Very good !

 


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posté le 22-04-2012 à 07:52:56

Les champs de bataille de Dan Franck

 

                   

 

Ce livre traite du procès de René Hardy, l'homme qui fut accusé d'avoir livré le résistant Jean Moulin (alias Max) au gestapiste Klaus Barbie le 21 juin 1943.Un récit extrêmement bien documenté et aussi une fiction, presque un essai où l'auteur exprime des idées et ses convictions .Le militant gauchisant (ce n'est pas péjoratif) Dan Franck a réussi à me captiver en proposant de récrire une page de notre Histoire, comme si elle avait été mal rédigée, mal jugée, dans un contexte de sortie de guerre qui aurait fait qu'une partie en aurait été omise.

Les faits tout d'abord: René Hardy fut un résistant, (il s'occupait de faire sauter les voies ferrées); membre et responsable de l'Armée Secrète, il s'était lié au réseau de la Résistance par ses accointances avec une partie de l'extrême droite française, notamment le nationaliste Barrès.

Alors qu'il se rend à Paris en train pour rencontrer un chef de la Résistance (qui se fera arrêter), René Hardy (alias Didot) est repéré par certains anciens résistants passés à l'ennemi (on dit qu'un résistant est « retourné ») et se retrouve entre les mains de l'obersturmführer Klaus Barbie. Celui-ci est au courant qu'Hardy est amoureux fou alors de Lydie Bastien (soupçonnée, elle aussi, de trafiquer avec les Allemands...) et Barbie lui fait un chantage, il lui demande ou lui aurait demandé en échange d'une vie sauve de lui livrer des informations, on ne sait pas exactement...S'ensuit l'arrestation de Jean Moulin à Caluire, près de Lyon, avec 6 autres résistants dont Raymond Aubrac (décédé le 10 avril 2012). René Hardy, le seul qu'on arrête avec une corde et non des menottes est aussi le seul à réussir à s'échapper,...Hardy aurait-il trahi et livré Jean Moulin aux allemands ?

René Hardy sera jugé deux fois en 1947 et, par deux fois, faute de preuve, il ne sera pas condamné. (Albert Camus lui apporta son soutien). Pourtant des preuves accablantes auraient pu le faire condamner...alors...?

...Alors Dan Franck écrit le troisième procès de René Hardy. Un procès imaginaire: dans sa cuisine, un juge, obsédé par cette histoire, instruit l'affaire Hardy et dans un face à face terrible, il rejuge le résistant soupçonné. Les deux hommes s'affrontent et c'est à travers des instructions extrèmement haletantes que l'auteur nous plonge dans le coeur d'un procès fictif. Le juge et Hardy jouent tous deux au jeu du chat et de la souris pour ne pas se faire coincer par l'autre, chacun sort ses arguments, récrit l'histoire, retrace le récit du mois de juin 194, c'est absolument haletant. Par sa tension ce huis-clos m'a rappelé le film 'Garde à vue", avec un huis-clos terrible entre Serrault et Ventura.

Au-delà de cela, l'auteur emet l'hypothèse d'un complot d'une partie des résistants, ceux appartenant à l'extrême-droite, naviguant en eaux troubles, peut-être en cheville avec une partie de la milice française de même obédience. Et puis, par extrapolation, il met bien en opposition les deux vues de la société, les valeurs morales divergentes entre la gauche et la droite qui tracent des horizons bien différents. Reprenant les faits d'armes des mouvements de gauche et leurs personnages charismatiques (pendant la guerre d'Espagne, l'Algérie, mai 68, le Che, 1981...), ce livre est d'une parfaite érudition et l'auteur nous fait partager ses convictions, ses points de vue sur les événements historiques. Cette oscillation entre: - la fiction (avec le dénouement de ce troisième procès imaignaire et l'écriture si achevée des dialogues) - et la réalité de notre société actuelle que le juge présente, est une belle façon de rendre hommage à Jean Moulin. Passionnant.


 


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posté le 14-04-2012 à 07:37:58

Cyanure de Camilla Läckberg

                          
 

 

 

 

  Un petit polar de 150 pages très bien ficelé et écrit...Martin Molin est le policier chargé de fait (voir les circonstances particulières ci-dessous) d'enquêter sur la mort mystérieuse de Ruben Liljecrona, un richissime patriarche qui a réuni toute sa famille sur l'île suédoise de Valo. Martin y a été invité par Lisette, (une des petites filles de Ruben) qui tient à le présenter à sa famille: et dans cette famille, il y a les deux fils , Harald et Gustav, héritiers maladroits de l'empire industriel du « vieux », leurs femmes Britten et Vivi ainsi que leurs enfants respectifs, Lisette la copine et Matte son frère d'un côté, et de l'autre, la séduisante Miranda et le déplaisant et désagréable Bernard.

C'est Noël et, l'on s'apprete à faire la fête dans ce grand gîte à l'écart de tout. Une fois les personnages présentés sommairement, on ne tarde pas à comprendre que tout n'est pas rose dans la famille Liljecrona.Tous ou presque pensent à l'argent du grand-père, à l'héritage et celui-ci leur fait bien comprendre qu'il n'est pas dupe de leur intérêt pour lui et sa fortune. C'est donc dans ce contexte particulier que M.Molin fait ses premiers pas (et ses derniers sans doute), dans cette si « belle » famille où l'on sent poindre les jalousies entre petits-enfants, les rivalités entre les deux fils et la cupidité de tous.

Et cela démarre fort...dès le premier repas, Ruben meurt le nez dans son assiette après avoir ingurgité du cyanure, chose qu'identifie rapidement la pièce rapportée, le policier Molin. Qui a bien pu mettre le poison mortel dans le verre du grand-père? Quel mobile? L'argent bien sûr...ce qui fait de toute la famille Liljecrona des assassins potentiels.

Alors que la tempête fait rage et que tous les moyens de communication avec Fjallbacka sont coupés, de droit, le policier Molin va se charger de mener l'enquête.

Pas mal vu non? La situation de départ de ce polar rappelle fortement les classiques d'Agatha Christie et de Sherlock Holmes, il y a un côté suranné dans le contexte et le traitement de ce crime. Un peu à l'anglaise, d'ailleurs l'auteur en a conscience car elle évoque le fameux détective anglais (Ruben fait partie d'une club réunissant les fans de Sherlock), un clin d'oeil assurément. Les personnages sont tout à fait crédibles, l'ambiance familiale délétère est vraiment très bien rendue, ça sent le règlement de compte à plein nez, les secrets familiaux trop longtemps couverts...Ce livre se lit comme une grande nouvelle, on a vite envie de savoir qui a bien pu tuer le patriarche. Ce huis-clos à la façon « Les dix petits nègres » est donc bien agréable à lire, et juste le dénouement m'a légérement moins plu. Le tout chez Actes Sud dans un sympathique format cartonné (on croirait un missel !)

 


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The niece of Bois le Roi  le 30-11-2013 à 09:03:47  #

Effectivement livre très bien "ficelé" qui se lit vraiment très bien!grande fan de la saga "La Princesse des glaces", "le Prédicateur"...ce livre m'avais permis de découvrir l'auteur sous un autre angle : plus incisive et plus dans le style d'Agatha Christie comme tu dis!

 
 
posté le 11-04-2012 à 08:56:37

Itinéraires d'enfance de Duong Thu Huong

 

                      

 

 

« Je veux un moment de paix pour fermer les yeux et me souvenir des aventures de ma jeunesse, avant de m'engager sur une nouvelle route, le route de l'avenir ». C'est par cette phrase que Duong Thu Huong (écrivain du roman à succès « Terre des oublis » grand Prix des Lectrices de Elle 2007 ) termine son délicieux premier roman.

L'histoire se situe au Vietnam après le retrait des français lors de l'occupation du pays. C'est le récit de deux jeunes filles de 12 ans, (mais qui sont présentées par l'auteur comme des enfants, rien à voir avec nos ados d'aujourd'hui!) qui vont vivre en traversant leur pays des aventures extraordinaires en même temps qu'un véritable voyage initiatique .

Bê et sa copine Loan habitent le petit village de Rêu, pas très loin d'Hanoï. Reû se trouve en pleine campagne et le récit commence par décrire leurs vies dans ce milieu paysan.Bê, l'héroïne principale, vit seule avec sa mère puisque son papa est capitaine dans l'armée populaire et est cantonné au nord dans une garnison frontalière; il ne revient que tous les trois mois. La première partie du livre situe les personnages et leur lieu de vie, on y décrit la vie à l'école, la vie dans les champs, les jeux et les préoccupations des enfants au milieu de cette nature environnante. La vie y est faite de petits événements dans le village et de petits événements à l'école, notamment... l'arrivée d'un nouveau et horrible professeur de sport qui va bouleverser la vie de Bê et Loan.

Cette arrivée va être l'élément déclencheur pour la deuxième partie du livre qui est le périple des deux jeunes filles à travers le Vietnam : puisqu'elle se sent victime d'une injustice, Bê va décider d'aller rejoindre son père de l'autre côté du pays, accompagnée de sa fidèle amie Loan. Tout quitter pour Bê est traumatisant mais en même temps, une nouvelle vie s'ouvre à elle. «  Adieu ma rivière adorée , adieu mon île qui a caché le trésor et les secrets de mon enfance. Adieu ma ville. »

Toute la suite du roman n'est qu'une véritable succession de petits plaisirs à lire: une multitude de rencontres humaines et d' aventures parfois rocambolesques des deux amies (voyage en train, à cheval, chasse au tigre, aide à un lépreux, rencontre d'un sorcier...), c'est très agréable à découvrir.

L'aspect asiatique est fortement présent bien sûr à travers les descriptions des paysages (une végétation luxuriante, des essences d'arbres particulières), du mode de vie (les passages concernant la nourriture et les préparations des repas sont nombreux -soupe de crabe, pousses de bambou, salaison de crevettes, riz paddy etc...) et des coutumes (fête du Têt), des légendes où la sagesse orientale résonne. La vie agricole dans les plaines et dans les montagnes est aussi fortement évoquée et ce récit est aussi le témoignage d'une vie des paysans et des montagnards vietnamiens, loin de la civilisation et du progrès. Tout dans ce roman est très exotique et on y trouve une lecture très optimiste, très rafraîchissante, empreint d'une vraie candeur naturelle (ce sont les yeux et les sentiments de Bê qui traduisent cela); une belle lecture qui pourrait être un pendant asiatique aux aventures de Tom Sawyer ou d'Huckleberry Finn. Un écrivain à recommander.

 


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posté le 04-04-2012 à 06:09:30

Les visages de Jesse Kellerman

 

 

 

 

 Un des meilleurs thrillers que j'ai lu assurément. Du niveau de R.J.Ellory.

New York et le milieu de l'art contemporain, et plus particulièrement son commerce puisque Ethan Muller, le héros trentenaire du livre, y tient une galerie. C'est d'ailleurs lui le narrateur qui dépeint sa vie (il vit à Manhattan), ses rapports avec les artistes (il y a beaucoup d'humour et de recul par rapport à ce qu'est l'Art...notamment avec l'artiste islandaise qui veut exposer un morse vivant dans la galerie !!!); Ethan Muller a une aventure sentimentale avec Marylin, une femme plus agée que lui, galeriste également, qui fréquente le monde artistique et est très attachée à la réussite par l'argent; on apprend au début du roman qu'il est définitivement brouillé avec son père qu'il ne fréquente plus. Ethan Muller est le dernier descendant d'une famille juive dont l'aïeul Solomon est arrivé au siècle précédent et l'histoire familiale est parallèllement retracée en marge du roman. On comprend le pourquoi de cet historique au fil du roman et du déroulement de l'énigme.

Un jour, Toni Wexler, l'homme de main du père d'Ethan, lui propose un rendez-vous pour lui montrer le travail d'un artiste. Ethan, plutôt surbooké, est sceptique et, après avoir refusé, accepte la rencontre avec Toni. Le lieu de rendez-vous est situé au 11ème étage d'un immeuble du Queens. Dans un appartement, Ethan va découvrir quelque chose d'étourdissant: dans des dizaines de cartons sont stockés des dessins qui sont tous numérotés et qui peuvent se juxtaposer pouvant couvrir plus de 800m2, ce qui en fait une oeuvre une fois reconstituée absolument considérable, hallucinante...!!! Du jamais vu ! Chaque dessin représente des personnages, des visages, des lieux oniriques, des mondes merveilleux, des paysages imaginaires...Ethan est complètement fasciné par l'oeuvre qu'on vient de lui présenter d'autant plus que son auteur a disparu...

Ethan s'approprie l'oeuvre, tente de rechercher son auteur, sans réussite au départ. Il organise une exposition des dessins (tout du moins d'une partie). Il réussit à vendre les premières planches et la presse spécialisée l'interview, photographiant les dessins. C'est à ce moment là qu'il est contacté par un vieil inspecteur de police à la retraite. Celui-ci lui indique qu'il reconnait les visages des 5 enfants sur les premiers dessins...5 enfants assassinés il y a plus de 40 ans etdont les meurtres n'ont jamais été élucidés. Ethan Muller reprend l'enquête ou plutôt l'énigme à son compte jusqu'à découvrir l'existence d'un certain Victor Cracke, l'auteur des dessins. Mais qui est cet homme? Le meurtrier également?

Jesse Kelleman nous plonge avec brio dans cette histoire. La narration est riche, l'écriture appliquée et les événements se succèdent allègrement. L'énigme est donc entrecoupée par le récit de la famille Muller et de sa réussite aux USA.  Ethan Muller se confond parfois avec Kellerman, prenant le lecteur à témoin; il fait part de ses réflexions personnelles, de son peu de goût pour le vrai polar (ne cherchez pas de cadavres décomposés ou de descriptions sanguines). Le héros est un homme ordinaire avec ses failles et ses faiblesses dans les rapports humains, c'est parfaitement traité par Kellerman. J'ai aimé la sensibilité de l'auteur qui offre à son héros Ethan Muller une histoire d'amour, ce qui en fait plus qu'un simple thriller, un vrai vrai bon roman !

 


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la-ronde-des-post-it (lasardine)  le 05-04-2012 à 09:36:30  #   (site)

plus d'un an qu'il est dans ma PAL, il va vraiment falloir que je l'en sorte!!!

 
 
posté le 17-03-2012 à 05:26:46

Un père idéal de Paul Cleave

                                

 

 (...thriller néo-zélandais, certes mais....difficile de tout mettre dans des boîtes...avec les bonnes étiquettes. Quand j'aurais lu une douzaine de thrillers néo-zélandais, je créerai la catégorie...). Bref.

 

Un thriller au ton très original, comme une farce avec un style et un récit à la limite du loufoque. Ce qui en fait aussi son originalité est sa provenance et le contexte: l'auteur étant néo-zélandais, l'histoire se déroule à Christchurch en plein été, c'est-à-dire au moment des cadeaux... tout le monde s'apprête à célébrer Noël en famille.

 

Ca démarre sur les chapeaux de roue, le départ de cette histoire est particulièrement singulièr: le héros se nomme Edward Hunter et est le fils de Jack Hunter, un sérial killer qui est depuis 20 ans en prison après le meurtre de 11 prostituées.

Edward vit comme un traumatisme son enfance puisqu'il s'est retrouvé très jeune en photo à la une des journaux lors de l'arrestation de son père; il avait neuf ans. Il a ensuite toujours été considéré comme "le fils de"...il y a donc l'image d'un père comme une ombre qui le suit alors qu'il a rompu totalement avec lui. Encore enfant, il perd sa mère qui sombre dans l'alcolisme et puis sa soeur pour usage de drogues.

On aurait rêvé d 'un meilleur départ dans la vie mais bon, Edward Hunter s'est reconstruit  et a réinventé sa vie; on le retrouve au début du roman bon père de famille, marié et une petite fille. Il est comptable comme son père d'ailleurs.

Un événement va bouleverser sa vie: sa femme va être sauvagement assassinée sous ses yeux lors d'un braquage d'une banque. Son présent s'effondre...et son passé en même temps que son père lui reviennent en pleine face. Il reprend contact avec lui après plus de vingt ans et s'aperçoit qu'il est peut-être habité des mêmes démons que lui, à savoir qu'une voix intérieure lui parle, le pousse à agir. Son père évoque sa"noirceur", c'est ainsi qu'il appelle la force qui l'a entraîné il y a vingt ans à tuer toutes ses prostituées. Edward, dans un esprit de vengeance va-t-il lui aussi laisser parler cette voix? Son père va lui donner les premiers indices pour prendre en chasse le gang des 6 malfaiteurs, des 6 braqueurs de la banque, des assassins de sa femme...mais attention, un inspecteur nommé Schroder le surveille de près...

Bien qu'il y ait un style vif, efficace, que les événements s'enchainent rapidement, ce thriller me laisse un goût finalement très moyen. L'alternance du récit à la première personne (qui nous fait comprendre la désolation et la schizophrénie du héros) et vu de l'extérieur (plutôt côté police) tient en haleine mais je dirais que ce récit manque de profondeur et ses passages comiques nuisent finalement à l'ambiance générale. Difficile de manier l'humour (même noir) et de le mixer avec des scènes de crime..pour qu'un vrai thriller atteigne son but, finalement, l'humour est presque interdit.

La fin du roman est également intéressant puisque l'auteur ne tombe pas dans le "happy end" ce qui sauve un peu l'intrigue assez plate au demeurant. Bien vu !

Donc sans doute pas le meilleur "morceau" d'une collection Sonatine qui m'a rarement déçu. Apparemment, le roman précédent intitulé "Un employé modèle"a eu meilleure presse. A voir...

 


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la-ronde-des-post-it (lasardine)  le 05-04-2012 à 09:42:28  #   (site)

j'avais vraiment beaucoup aimé "Un employé modèle", je lirai surement celui ci un jour, même si les avis sont plus mitigés...

 
 
posté le 27-02-2012 à 05:36:52

Les Plumes du Dinosaure de Sissel-Jo Gazan

 

                                 

 

 

 

 Pas exactement le meilleur des polars...j'ai bien insisté jusqu'au bout mais...il a manqué quelque chose ou bien il y en avait trop !

 Avec les éditions du Rocher et dans la collection "Le serpent à plumes", j'avais été mieux servi précédemment alors...quand j'ai lu en quatrième de couverture que ce roman avait obtenu le prix du meilleur rman danois 2010, j'avais cru trouver une perle...

 Ce roman se déroule dans le milieu scientifique de la recherche et son héroïne est une jeune maman célibataire prénommée Anna qui va bientôt passer sa thèse. Son sujet est de débattre et de savoir si les oiseaux sont les descendants des dinosaures, et là-dessus, deux théories s'affrontent. Elle a deux mentors qui guident ses recherches et l'un des deux va bientôt être retrouvé mort dans son bureau de l'Institut de biologie, le corps envahi par des cestodes (genre de ténias...miam!). Puis, son principal collègue , un dénommé Johannes qui fréquente les milieux fétichistes et gothiques va être assassiné au couteau après avoir été violé...

 Le monde d'Anna est donc bien perturbé, d'autant plus que sa vie n'est ni gaie ni simple. Mère célibataire et abandonnée par le père de sa fille, envahie par la présence de sa mère, Anna va découvrir au fil du roman qu'on lui a menti sur le début de sa vie...sa naissance, son éducation jusqu'à son prénom et parallèllement aux crimes qui sont commis autour d'elle, elle va mener une enquête sur son passé.

 L'autre personnage important de ce livre est "Le Flic Le Plus Chiant du Monde" alias Soren Marhaugequi est le commissaire menant l'enquête. Entre Anna et Soren, le courant ne passe pas (et pourtant , à la fin du livre...on peut penser que...chut...).L'auteur nous livre également le récit de la vie de ce flic (qui finalement n'intervient que très peu dans la résolution des crimes. Drôle d'histoire pour Soren donc qui vit un amour fou avec la femme de sa vie et à qui il refuse de faire un enfant mais qui...à cause d'une infidélité, va devenir le père biologique d'une petite fille...cette enfant disparaissant plus tard lors du tsunami en Thaïlande...quelle histoire !!!Le tout entrecoupé de la mort de ses parents...on nage dans le désespoir...

 Donc ce roman hésite...drames familiaux? Recherche de la vérité sur le passé? Trame scientifico-policière? Milieu fétichiste?  Il y a tellement de pistes qu'on s'y perd, trop d'apartés à mon goût... et même si l'écriture est plutôt agréable, j'ai été peu emballé. S.J.Gazan ne rend vraiment pas agréable, ni sensible, son personnage central qui ne m'a pas accroché, personnellement j'y ai ressenti quelques incohérences (rapport avec sa mère, sa fille, ses amis) et une vraie froideur...

Sûrement le climat danois...

 

 


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posté le 21-01-2012 à 04:58:22

Tout, tout de suite de Morgan Sportès

 

                  

 

 

 

 Il est presque indécent de se passionner pour ce livre, ce récit de la tragédie médiatisée à travers le nom de "Gang des Barbares". Un fait divers, énorme, ignoble, monstrueux qui s'est déroulé en 2006; ce qui ne devait être "que" l'enlèvement d'un jeune homme juif contre rançon s'achèvera par la mort de celui-ci après plus de trois semaines de détention horrible, d'abord dans un appartement puis dans une cave de cité.

 Morgan Sportès annonce au début du livre qu'il réélaboré les faits à travers son imaginaire et qu'il a crée une fiction mais ce récit est tellement factuel et si bien documenté qu'on a l'impression de suivre une enquête, lire un très grand article de journal tiré de la rubrique "Faits Divers". Difficile de penser fiction avec tant de réalisme dans cette histoire tirée d'une histoire vraie, malheureusement.

 "Tout, tout de suite" montre l'ignominie et le machiavélisme d'un homme (Yacef dans le livre au lieu de Youssouf dans la réalité) en quête de pouvoir et d'argent, un jeune homme sans limite, dans la toute puissance, rebelle face à la loi et la société. Morgan Sportès détaille la vie de ce petit caïd de banlieue, prêt à utiliser toutes les stratégies, toutes les justifications pour accomplir ses méfaits (la pauvreté contre la richesse, la banlieue contre Paris, les musulmans contre les juifs...). Le livre raconte les multiples essais d'enlèvement, les échecs, les ratés par faute d'organisation ou d'ambiton des participants..Car ce que propose Yacef pour parvenir à ses fins (l'argent, beaucoup d'argent), c'est complètement dans la démesure. Yacef s'entoure de "petits" (souvent des jeunes qui ont quitté l'école jeune, un milieu familial déficient , des laisser-pour-compte, sans culture, sans avenir....), leur promet de gagner quelques centaines d'euros pour  accomplir des petits coups, faciles d'après lui. Les "petits" ont confiance en Yacef qui dégage une aura de leader de banlieue ( il a déjà fait de la prison), leur profil est pour chacun réellement misérable, chaque paumé se retrouve entrainé dans une spirale de la violence sans aucune possibilité d'échappatoire.

On s'aperçoit au fil du roman que le fameux "Gang des Barbares" n'est autre qu'une bande de petits malfrats menée par un chef qui monte ses coups au jour le jour; ce nom donné par les médias est bien excessif...Barbare sans aucun doute...mais ce n'était pas un gang dans le sens organisation criminelle.

 "Tout, tout de suite", c'est ce que veulent les jeunes recrues de Yacef: l'un s'acheter un scooter, l'autre s'offrir des vacances, sortir de cette vie de misère. Yacef leur fait miroiter cette argent à portée de mains...un simple kidnapping, un jeu d'enfants...Partant du principe que tous les juifs sont riches et que leur communauté est solidaire, Yacef va tout faire pour exiger la rançon s'enfermant jusqu'au point de non-retour. "Ils paieront"dit-il et cela il y croit....jusqu'à l'horreur.

Elie (Ilan Halimi) est retrouvé agonisant près d'une voie ferrée, à moitié mort, brûlé... et le Gang des Barbares sera démantelé, chaque individu arrêté.

 Un livre poignant, haletant et...effrayant...à lire si l'on est sensible aux faits divers.

 

 


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la-ronde-des-post-it (lasardine)  le 05-04-2012 à 10:04:11  #   (site)

je l'avais qualifié de livre "outch"!

 
 
posté le 16-01-2012 à 17:57:33

Stoner de John Williams

 

                            

 

C'est la séduisante couverture du livre qui a attiré mon regard et donné envie de lire ce roman: STONER... un titre accrocheur comme une pierre lancée au visage du lecteur... on voit également  un extrait du texte original en anglais complété des annotations d'Anna Gavalda qui s'est transformée en traductrice, un commentaire en surimpression "Lu, aimé et librement traduit" qui promette une lecture passionnante...

C'est donc Anna Gavalda qui a découvert récemment ce roman paru en  1965 aux Etats-Unis et qui n'avait jamais vu le jour en France. Elle a fait acheter les droits par sa maison d'édition " Le Dilettante" et l'a elle-même traduit, ce qui en fait un "petit" intérêt de plus...voici pour la petite histoire.

John Williams (1922-1994) a été professeur de littérature à l'université du Missouri tout comme son héros William Stoner. Si ce livre est une fiction, on peut penser que l'auteur s'est largement servi d'éléments autobiographiques.

William Stoner nait en 1891 dans une ferme du Missouri. Dès qu'il est en âge d'étudier, ses parents lui permettent d'aller à l'université de Columbia apprendre l'agronomie, dans l'idée de reprendre la ferme familiale. Mais, à cause ou grâce à un professeur envoûtant, il se prend de passion pour les livres et décide de se consacrer à la Littérature. Alors que la première guere mondiale se termine, il passe et obtient son doctorat ce qui lui permet de devenir lui même professeur de Lettres.

Le livre raconte ensuite la vie du professeur Stoner qui va passer toute sa vie dans les couloirs de Jesse Hall (l'université de Missouri): ses premiers élèves et ses premiers cours, sa rencontre et son impossible amour avec sa future femme Edith, son indéfectible amitié avec Gordon Finch-son ami étudiant qui deviendra le doyen de l'université, ses relations difficiles avec un professeur appelé Lomax qui va lui faire les pires misères professionnelles, la naissance de sa fille Grace et son éducation dont il est écarté...Dans la vie de Stoner, tout n'est en fait qu'une succession de déboires et de désillusions. Tout, sauf la Littérature. A chacun de ses maux, s'ensuit la plongée du professeur dans l'étude et la lecture car il n'y a qu'avec les livres que ce solitaire se retrouve en paix. Vers 40 ans, rencontrant enfin l'Amour avec une jeune professeur de lettres passionnée comme lui, il va encore subir un échec. (ce passage m'a rappelé la lecture de "Pensées secrètes" de David Lodge). Il termine sa carrière à l'université où l'on célèbre avec beaucoup d'hypocrisie son dévouement...mais il n'en a cure, déjà éloigné des faux-semblant par une maladie qui le ronge... son dernier voyage est un rien pesant et sombre quand il tourne la dernière page du livre de sa vie.

 

Ce livre est écrit comme un classique, c'est une sorte de peinture, un récit particulièrement réaliste et sans concession au romantisme ( ...le héros morfle à point !) et c'est aussi l'histoire de la traversée du 20ème siècle aux Etats-Unis; il est très bien écrit et sans aucun doute aussi, très bien traduit. Pas de temps mort dans une histoire somme toute banale, des dialogues toujours justes, pas de fioritures, d'invraisemblances, pas d'excès et un bon moment de littérature.

 

 

 


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posté le 24-12-2011 à 06:14:49

Dans les forêts de Sibérie de Sylvain Tesson

 

 

 

          ♥

 

 

« Dans les forêts de Sibérie » est un journal de...bord, de vacances, de vie , je ne sais exactement comment le qualifier, c'est le récit des 6 mois que Sylvain Tesson a passé dans une cabane face au lac Baïkal, à quelques centaines de kilomètres d'Irkoutsk.

De février à juillet, l'auteur a décidé de vivre en ermite au milieu de cette nature démesurée, affrontant le rude hiver sibérien sous des températures de -30°c, rendant compte au jour le jour de sa solitude, de sa contemplation et de ses conditions d'existence jusqu'aux abords de l'été.

Pour vivre son rêve un peu fou, Sylvain Tesson s'est constitué une malle avec du matériel, des outils et des vivres mais aussi afin de ne pas s'ennuyer, une petite bibliothèque ( il en fait la liste au début de son livre, et moi, qui suis un fan des livres et des compilations, j'adore...c'est la « Liste de Lectures Idéales composée à Paris avec grand soin en prévision d'un séjour de six mois en forêt sibérienne » ).

Il est vrai qu'arrivé dans son isba, l'auteur se retrouve complètement coupé du monde, le premier village est à 5 jours de marche, ses seuls contacts sont parfois des pêcheurs ou des hommes perdus comme lui dans la taïga qui viennent s'abreuver de vodka en sa compagnie. L'auteur a bien pris de quoi communiquer avec la civilisation mais le froid a rapidement raison de la technologie moderne et puis, le téléphone cellulaire n'est finalement annonciateur que de mauvaises nouvelles. Alors des livres, oui, forcément, bien sûr.

Ce récit présente la difficulté de l'homme à vivre dans cette solitude glacée, Sylvain Tesson décrit remarquablement bien la nature qui l'environne (le lac pris dans le glaces, la forêt boréale immense et gelée, les animaux qui le visitent ou l'accompagnent...), les conditions de vie qui réduisent l'homme à devenir « homme des bois » s'improvisant bucheron et pêcheur, la rudesse des Russes et, plus encore, ce qui m'a plu, c'est le récit de ses pensées, ce qui l'habite, l'envahit, là où se balade librement ses réflexions; l'Homme, son rapport avec le Temps, avec l'isolement, avec la Nature, avec les Animaux, le respect qu'il peut avoir des choses et des gens, ses idées découlant de son état d'ermite à propos de la décroissance ou de l'écologie. Le tout est entrecoupé de phrases ou citations des livres qu'il lit et c'est tout simplement émouvant et souvent joyeux. Tout le long de ma lecture, j'ai été tenté d'extraire certaines pages (faire la liste de ses plus brillantes journées d'écriture et de vie), de relire les pensées de Sylvain Tesson, étant fortement touché par son témoignage.


« Tant qu'il y aura des cabanes au fond des bois, rien ne sera tout à fait perdu. » dit Sylvain Tesson Cette phrase anodine vaut le détour, comme ce magnifique petit livre que j'ai beaucoup aimé et me fait écrire en plagiat « Tant qu'il y aura des écrivains rêveurs et de tels livres écrits, rien ne sera tout à fait perdu ».


Prix Médicis Essai 2011

 


Commentaires

 

FleurdeMot  le 25-12-2011 à 21:24:43  #   (site)

ce livre me plairat,bonne soirée;

seringa  le 24-12-2011 à 10:04:03  #

J'ai partagé toutes vos reflexions et vos émotions.S. Tesson est un auteur précieux dans notre époque. Cordialement.Chacha.

 
 
posté le 11-12-2011 à 09:18:21

L'affaire de l'esclave Furcy de Mohamed Aïssaoui

                                       

          

 

 

Ce livre qui est un essai (oeuvre de réflexion donc) m'a littéralement emballé, autant par l'histoire traitée que par l'engouement, la fascination que partage M.Aïssaoui dans le récit du destin d'un homme d'un autre siècle: l'esclave Furcy.

L'auteur raconte la vie de ce dénommé Furcy (sans nom de famille et qui le restera à jamais), esclave durant presque la totalité de sa vie, il est le fils d'une indienne achetée au XVIIIème siècle par une religieuse puis cédée à une propriétaire réunionnaise par la suite. (on y apprend que l'île de la Réunion s'appelait alors l'île Bourbon). A 31 ans, à la mort de sa mère Madeleine, Furcy va apprendre qu'il est retenu chez son maître depuis l'âge de 3 ans et qu'il n'y a aucune justification à ce qu'il soit esclave. Il va alors réclamer sa liberté tout d'abord en cherchant la voie à l'amiable mais son maître Pierre Lory ne va pas l'entendre de cette façon.

Il faut imaginer le contexte, jamais un noir n'a intenté un procès à son maître...et ce que va faire pourtant le courageux Furcy en 1817 est extraordinaire: durant toute sa vie, il ne va cesser de se battre contre les puissants pour s'affranchir, subissant les sévices et bravant les humiliations. Il n'obtiendra raison qu'au bout du long combat de sa vie en 1843...enfin déclaré libre.

 

Le récit est passionnant car Mohamed Aïssaoui y a mis de sa personne, ce n'est pas simplement une succesion de faits pour une noble cause, l'histoire d'un combat contre une injustice, c'est une explication donnée que l'auteur sait bien partiale puisque vue de notre époque. L'auteur se place du côté de l'homme humilié, vilipendé, soumis mais comprend et explique fort bien la position des esclavagistes de l'époque, les riches familles de l'ïle Bourbon. J'ai aimé la façon d'expliquer comment il a été habité par la recherche des documents, comment il s'est englouti dans la vie de l''esclave Furcy. M.Aïssaoui explique comment il s'est emparé de cette affaire procédurière en cherchant dans les bibliothèques et les archives, relisant des textes presque illisibles ( plaidoiries, lettres) de l'époque; il évoque les rues qu'a pu emprunter Furcy, les paysages qu'il a pu voir,  la nature qu'il devait aimer ou les maisons dans lesquelles il a pu vivre (l'essai devient alors un peu un roman historique); parfois il glisse un texte documentaire sur la condition de l'esclave à cette époque.

Vraiment intéressant, documenté, varié et touchant.

Et en plus ça se lit vite, c'est un peu..un immense article de journal avec des réflexions et des sentiments de l'auteur. Une réussite!

 

Ce livre a obtenu le prix Renaudot Essai 2010.

 


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posté le 07-12-2011 à 18:26:55

1Q84 Tome 2 d'Haruki Murakami

          

 

...je viens de relire ma critique du tome 1... et je me  demande comment j'ai pu prendre autant de plaisir à lire le premier opus...et ne pas réussir à terminer le second...J'ai craqué, à 50 pages du but, incapable de me passionner pour la suite des aventures d'Aomamé et de Tengo, que tout doit rapprocher mais qui jamais ne s'approchent en fait.

Que de longueurs, que de longueurs....je me suis passablement ennuyé, de chapitre en chapitre, pressentant les événements, n'ayant plus la magie de la surprise du premier tome. Ou alors, je me dis que j'ai fait une erreur : lire les 2 tomes de suite...du coup, une véritable indigestion.

  Le côté fantastique, magique du livre m'a de plus en plus écarté de l'intérêt que je lui portais...ces histoires de "Little People", sorte de petites créatures ayant un monde parallèle...l'histoire de "La chrysalide de l'air"...certains personnages qui ont une DAUGHTER et une MOTHER...ceux qui sont des Perceivers...d'autres des Receivers...holala !..bref, je n'y ai rien compris, en tout cas, pas été sensible du tout...Impossible de profiter de ce voyage fantastique...je suis trop dans le réel sans doute ! Pour moi, c'est (ou c'était) 100 fois mieux en 1984 qu'en 1Q84 !

 

Et ce qui est sûr c'est que désormais j'attends avec moins d'impatience le tome 3...

 


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anaflore  le 08-12-2011 à 07:47:13  #   (site)

souvent le 1er coup coeur c'est le meilleur !!bravo pour la photo du jour

 
 
posté le 02-11-2011 à 05:39:24

1Q84 d'Haruki Murakami (livre 1)

 

      

 

 

Lorsque j’ai fini le premier tome de la trilogie 1Q84, je me suis dit qu’il y avait encore de beaux moments de lecture et de suspense à suivre. Vraiment très savoureux, le Livre 1 Avril-Juin pose les fondements d’une histoire palpitante.

Une histoire ou plutôt deux histoires, puisque ce roman japonais est construit sur l’alternance du récit de deux héros trentenaires: d’une part Aomamé,  (traduction « haricots de soja verts »), étrange jeune femme moderne qui trucide délicieusement les hommes maltraitant les femmes pour le compte d’une vieille rentière et de l’autre, Tengo, professeur de mathématiques et écrivain à la recherche du succès qui est entraîné dans la réécriture d’un roman que son éditeur promet à un grand succès. Alors, au début, rien en commun entre Aomamé et Tengo et, au fil du roman, Murakami tisse lentement sa toile et découvre les liens qui unissent secrètement les deux héros. Une histoire d’amour est-il écrit sur la jaquette du livre ? Peut-être pour le Livre 2 ?

Le rythme de ce livre est extra, vraiment, on ne s’ennuie jamais, l’écriture de Murakami est fine, poétique par moments, les personnages sont bien attachants, leurs originalités et leurs réalismes sont crédibles, très actuels, ils font part d’une solitude face à la vie, transcrivent (surtout pour Aomamé) leurs détresses avec les blessures du passé.

Mais qu’est-ce que ce titre ?  « 1Q84 ». Cela rappelle bien sûr le monde de G.Orwell, mais cette fois-ci le roman se déroule en 1984, ce n’est pas une projection vers le futur.

Alors pour mieux « comprendre »…voici quelques lignes du roman, page 200.

« 1Q84 – voilà comment je vais appeler ce nouveau monde, décida Aomamé. Q c’est la lettre du mot Question.

(…) Que cela me plaise ou non, je me trouve à présent dans l’année 1Q84. L’année 1Q84 que je connaissais n’existe plus nulle part. Je suis maintenant en 1Q84. L’air a changé, le paysage a changé. Il faut que je m’acclimate le mieux possible à ce monde lourd d’interrogations. Comme un animal lâché dans une forêt inconnue. Pour survivre et assurer ma sauvegarde, je dois en comprendre au plus tôt les règles et m’y adapter. »

 

Un Livre 1 qui questionne, vivement le livre 2 donc, le 3 devant paraître en 2012.

 


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