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« Dans les forêts de Sibérie » est un journal de...bord, de vacances, de vie , je ne sais exactement comment le qualifier, c'est le récit des 6 mois que Sylvain Tesson a passé dans une cabane face au lac Baïkal, à quelques centaines de kilomètres d'Irkoutsk.
De février à juillet, l'auteur a décidé de vivre en ermite au milieu de cette nature démesurée, affrontant le rude hiver sibérien sous des températures de -30°c, rendant compte au jour le jour de sa solitude, de sa contemplation et de ses conditions d'existence jusqu'aux abords de l'été.
Pour vivre son rêve un peu fou, Sylvain Tesson s'est constitué une malle avec du matériel, des outils et des vivres mais aussi afin de ne pas s'ennuyer, une petite bibliothèque ( il en fait la liste au début de son livre, et moi, qui suis un fan des livres et des compilations, j'adore...c'est la « Liste de Lectures Idéales composée à Paris avec grand soin en prévision d'un séjour de six mois en forêt sibérienne » ).
Il est vrai qu'arrivé dans son isba, l'auteur se retrouve complètement coupé du monde, le premier village est à 5 jours de marche, ses seuls contacts sont parfois des pêcheurs ou des hommes perdus comme lui dans la taïga qui viennent s'abreuver de vodka en sa compagnie. L'auteur a bien pris de quoi communiquer avec la civilisation mais le froid a rapidement raison de la technologie moderne et puis, le téléphone cellulaire n'est finalement annonciateur que de mauvaises nouvelles. Alors des livres, oui, forcément, bien sûr.
Ce récit présente la difficulté de l'homme à vivre dans cette solitude glacée, Sylvain Tesson décrit remarquablement bien la nature qui l'environne (le lac pris dans le glaces, la forêt boréale immense et gelée, les animaux qui le visitent ou l'accompagnent...), les conditions de vie qui réduisent l'homme à devenir « homme des bois » s'improvisant bucheron et pêcheur, la rudesse des Russes et, plus encore, ce qui m'a plu, c'est le récit de ses pensées, ce qui l'habite, l'envahit, là où se balade librement ses réflexions; l'Homme, son rapport avec le Temps, avec l'isolement, avec la Nature, avec les Animaux, le respect qu'il peut avoir des choses et des gens, ses idées découlant de son état d'ermite à propos de la décroissance ou de l'écologie. Le tout est entrecoupé de phrases ou citations des livres qu'il lit et c'est tout simplement émouvant et souvent joyeux. Tout le long de ma lecture, j'ai été tenté d'extraire certaines pages (faire la liste de ses plus brillantes journées d'écriture et de vie), de relire les pensées de Sylvain Tesson, étant fortement touché par son témoignage.
« Tant qu'il y aura des cabanes au fond des bois, rien ne sera tout à fait perdu. » dit Sylvain Tesson Cette phrase anodine vaut le détour, comme ce magnifique petit livre que j'ai beaucoup aimé et me fait écrire en plagiat « Tant qu'il y aura des écrivains rêveurs et de tels livres écrits, rien ne sera tout à fait perdu ».
Prix Médicis Essai 2011
Commentaires
ce livre me plairat,bonne soirée;
J'ai partagé toutes vos reflexions et vos émotions.S. Tesson est un auteur précieux dans notre époque. Cordialement.Chacha.