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Un polar, le premier écrit par Khadra, avec comme personnage le commissaire Llob, intègre fonctionnaire de police face à l’intégrisme religieux. Une description noire de la conjecture algérienne pendant les années terribles du terrorisme montrant les meurtrissures d’un pays en sang. Le commissaire Llob et son fidèle lieutenant Lino œuvre pour le bien en traquant la corruption et les destructeurs se prévalant de Dieu. Dans l’écriture, un style bien singulier, emprunt de nombreuses métaphores qui font mouche. Quand on s’appelle Yasmina Khadra, on ne peut oublier d’être un poète, même dans l’écriture d’un polar. Prix 813 du meilleur roman francophone 1997
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Impossible de décoller de ce thriller haletant, on se fait emporter, entrainer dans cette histoire qui raconte ce que l’Homme peut révéler de plus morbide et de plus fou dans le domaine du Mal. Jusqu’où la folie meurtrière peut-elle aller ? L’auteur nous tient en haleine tout au long de ces 600 pages d’enquête grâce à de courts chapitres aux rebondissements multiples: 67 photos de personnes terrorisées, en état de choc, sont les victimes d’une mystérieuse organisation meurtrière appelée « Caliban »…Quel est le mobile de ces crimes atroces? C’est ce que va rechercher Annabell O’Donnel de la police de New York, bien aidée par un détective ex-flic spécialisée dans les disparitions et la recherche de « serial killers ». Ces deux personnages attachants vont lier leur amitié et leur recherche pour mettre à jour la terrible vérité de ces crimes…Quelques moments de pure frisson..des scènes de terreur juste bien dosées. Très bien…Ce deuxième volet de la trilogie du Mal donne vraiment envie de lire « Les âmes du Mal » et « Maléfices »
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Dans « Pensées secrètes » David Lodge nous emmène encore dans une histoire d’amour ..une histoire qui a tout pour être empêchée…l’adultère révélant tout ce qui peut mener la conscience aux remords..aux renoncements ou à l’hypocrisie parfois. Ceci rappelle quelque peu les amours d’un autre Lodge « Jeux de société »dont la lecture aujourd’hui peut paraître un peu suranné.
Il y a dans ce livre plus de profondeur car les pensées secrètes d’Helen Reed ( la littéraire) et de Ralph Messenger (le scientifique) sont tour à tour donner dans des journaux intimes où la conscience de chacun est mise parfaitement à nue. Au fil de leur histoire et de leur amour, Helen , en panne d’inspiration et pour ne pas perdre l’entraînement de l’écriture, livre comme une adolescente ses confessions à l’écrit tandis que lui profite de son dictaphone pour relater ses états d’âme, ses désirs . Deux démarches différentes dans la forme et dans le ressentiment…une femme , un homme..deux sensibilités.
Encore un livre finement écrit par David Lodge où même les digressions scientifiques sont intéressantes, l’humour présent et l’intrigue haletante jusqu’à la fin.
Ai-je aimé ? Non, plus que cela… !!!
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Une journaliste, citadine de San Francisco, est envoyée dans un coin désertique des Etats-Unis pour enquêter sur la mystérieuse disparition de plusieurs couples. Elle y est très mal accueillie par la population de « ploucs » qui n’apprécient pas que l’on se mêle de leurs affaires. Un fou mystique semble être à l’origine de ces crimes…On retrouve un peu l’atmosphère « Cul-de-sac » de Douglas Kennedy, à savoir l’impossible confrontation de la civilisation face à l’esprit campagne « on est chez nous, que venez-vous faire ici ? »…. Un polar français à la sauce américaine. Concision, humour, efficacité…du bon thriller.
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L’efficacité de Connelly en matière de rythme de récit policier n’est plus à prouver. L’inspecteur Harry Bosch s’ennuie pendant sa retraite et ressort un vieux dossier enterré… la position des mains de cette jeune femme assassinée le hante depuis si longtemps…. Des mains qui nous entraineront vers le milieu du cinéma, vers le FBI et ses méthodes décriées (il aime tellement opposer la police fédérale et le système d’état) ; Connelly aborde le terrorisme (le 11 septembre laisse son empreinte), montre la détresse du handicap à travers la blessure d’un collègue….c’est très riche, très limpide..et puis finalement…pas la peine d’aller si loin pour résoudre une enquête…La vérité est souvent juste à la porte…Efficace, sobre, un brin touchant car le commissaire est un personnage atypique, au caractère bien trempé. Du bon polar de vacances.
On pourrait penser qu’une histoire d’amour entre un virtuose violoniste français de bonne famille et la jeune bonne allemande ne peut être vouée qu’à l’échec..Avec le récit de Nancy Huston, c’est confirmé. La beauté physique ne peut supporter l’amour à long terme…il y a l’intérieur. Et chez Saffie, cette jeune allemande, débarquée en France après guerre, il y a le poids du passé. Elle rencontre un immigré hongrois et découvre la vie adultère. Le violoniste est trop souvent , en voyage et Saffie est absente avec lui lorsqu’il est là.L’enfant qui nait du mariage est balloté entre deux pères…La fin..tragique… Un beau livre historiquement placé dans le contexte algérien (il démarre en 1957).
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Quand on est une adolescente, pas facile de faire sa place dans l’univers de la banlieue, avec l’absence d’une mère, le handicap du père et le petit frère qui se laisse entrainer dans des histoires louches. Une écriture spontanée, jeune, proche des quartiers, Faïza donne un témoignage plein de sincérité. Prenons ce livre comme un témoignage d’une certaine jeunesse ( et là réside son intérêt) car l’écriture manque un peu de profondeur et de consistance.
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C’est l’histoire d’un écrivain à l’œuvre unique, auteur d’un best-seller ayant pour lieu et thème la ville où il a grandi. Quittant New York et ses fastes 17 ans plus tard, il retourne dans sa petite ville du Connecticut et son retour ne se passe pas sans mal, car il y a des comptes à régler…Personne n’a oublié ce qu’il a décrit dans son roman. Son récit autobiographique n’a pas plu à tout le monde car les personnages utilisés dans son roman ont toujours ressenti une trahison qu’ils comptent lui faire payer. Le personnage principal est une sorte d’anti-héros attachant, drôle qui nous fait plonger dans cette Amérique intérieure. Une écriture efficace, active…on ne s’ennuie pas dans ce récit émouvant et parfois, plein de drôleries !
Je conseille la lecture de ce livre facile et effectivement, c’est une révélation…les éditeurs n’ont pas hésité à mettre une si élogieuse jaquette-bandeau… Sa deuxième parution "Tout peut arriver" est nettement moins originale et passionnante...
Rosamond est une vieille femme qui vient de mourir à l’âge de 73 ans. Juste avant cela, elle a laissé, micro en main, un surprenant témoignage oral et visuel…Sa nièce, devant s’occuper de son héritage et visitant sa maison, découvre 4 cassettes audio et 20 photos qui sont le récit de sa vie, de ses souvenirs familiaux depuis les années 40 jusqu’à nos jours. S’adressant à une mystérieuse cousine disparue depuis plus de 20 ans, Rosamond va finir par délivrer de terribles secrets de famille.
Chaque chapitre du livre est donc développé à a partir d’une photo sur le mode de la narration orale et évoque un souvenir, un moment de vie sensible de la vie de Rosamond. Particulièrement poignant (il y est question du thème de l’amour ou du désamour entre mère et fille), écrit avec sensibilité et finesse, j’ai dévoré et adoré ce roman. Jonathan Coe au sommet de son art. Un vrai régal littéraire. What else ?
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Dans ce roman, Yasmina Khadra retrace l'Histoire de l'Algérie son pays, des années 30 jusqu'à notre époque. Une fiction dans un fort contexte historique... de l'époque d'occupation du teritoire par les colons français jusqu'à nos jours...(à l'image d'un Jean-Paul Dubois dans « La vie française » sous la 5ème République).
Toujours cette magnifique écriture, le poids des mots, la poésie, les sentiments...superbe ! L'Histoire de la décolonisation politique est en filigrane dans le récit au profit de la description de la vie de tous les jours de son personnage central à la double origine et au double prénom Jonas/ Younès qui en ressent toutes les conséquences, grandit et se partage entre culture française et racine algérienne. Khadra à travers ce double regard, cet antagonisme nous fait vivre l'évolution de son pays et surtout nous convainc en montrant qu'il n'y pas "une" vérité. Jonas/ Younès voit se déchirer ses amitiés, son amour et son pays. Tragique, humain, fort..un vrai bonheur de lecture, sans doute le chef d'oeuvre de Khadra..et dire qu'il n'est pas reconnu par ses pairs parisiens!!!.
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Franck Bascombe a 44 ans et est agent immobilier, ses
revenus lui assurent un bon train de vie. Divorcé, père de trois enfants, il
mène une apparente paisible vie dans la petite ville d'Haddam dans le New
Jersey. Paisible, nonchalante, en apparence seulement...
Car à l'intérieur, son divorce l'a énormément marqué et parfois ça bouillonne,
ça fulmine ou ça se délite. Franck Bascombe est un être paradoxal, en proie aux
doutes existentiels, énormément marqué par cette séparation. 7 ans de divorce
déjà, et rien n'est solutionné, rien ne peut être reconstruit pour une nouvelle
« période d'Existence », impuissant à couper les ponts avec sa précédente vie
(il a racheté et habite l'ex-maison de son ex-femme), toujours partagé entre la
sincérité personnelle (vivre sa vie, égoïstement) et le devoir moral qui
l'amène à la composition avec les autres et sa juste place dans la société. Les
questionnements sont multiples: sa femme qu'il aime encore et pense avoir mal
aimé, (elle s'est remariée à un vieux riche qu'il exècre ) ; ses rapports trop
interrogateurs quant à l'avenir avec son amante (est-ce de l'Amour entre eux ou
le rapprochement de deux vies parallèles ?) et du côté de son fils, Paul,
atteint de graves troubles psychologiques, il s'interroge sur son rôle de père.
Pétri de bonne volonté et d'à-priori positifs pour le monde qui l'entoure, son
existence est comme en suspens, en dérive. Franck Bascombe a une quête...vivre
l'Independance Day,ce symbolique 4 juillet avec son fils comme pour donner un
sens à sa vie, parvenir à la continuité.
Richard Ford nous donne le récit de ce personnage attachant, solitaire. On est
loin d'un roman d'actions mais la narration n'est jamais ennuyeuse, faite des
réflexions de F.Bascombe sur son comportement social, sur ses rapports aux
autres, particulièrement dans ses rapports professionnels, le domaine de
l'immobilier est souvent abordé. De larges passages traitent de l'habitat aux
USA, des quartiers de résidence de ces petites villes américaines, des rapports
entre voisins aux couleurs de peau différentes. Nous sommes aussi à quelques
jours des élections et au-delà de l'histoire de Franck Bascombe, c'est cette
Amérique contemporaine que Richard Ford nous dépeint talentueusement.
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Prix Goncourt 2001. Ce livre raconte un passage de l’Histoire resté sous silence : la tentative de conquête du Brésil par les Français au XVIème siècle. Deux jeunes orphelins sont embarqués dans cette expédition et vont grandir dans cette quête, confrontés à la sauvagerie des Blancs, aux luttes intestines des catholiques et des protestants (précédent des guerres de religion), aux luttes de pouvoir... Deux conceptions du Monde moderne sont alors évoquées : l’Homme en tant qu’être dans le respect de sa culture et des ses traditions et l’Homme en tant que moyen, utilisé au profit de l’occidentalisation… . En définitive, la même question, qui est le sauvage, le vrai ? Le blanc..ou l’Indien sur ses terres…Magnifique livre historique que l’auteur rend vivant, des personnages hauts en couleur, un vocabulaire d’époque, un rythme soutenu et des aventures comme parfois dans les lectures exotiques de notre jeunesse …600 pages passionnantes.
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Quel récit original et aussi quelle écriture !!!…peu d’événements à vrai dire, une fois le contexte mis en place, si ce n’est leur puissance, leur intensité…mais la force de l’écriture de Véronési sublime certains passages de ce livre. Le héros sauve une femme d’une noyade puis...rentrant chez lui perd accidentellement sa femme. Restant seul avec sa fille, sa vie s’arrête, il remet tout en question et passe ses journées dans sa voiture, à attendre près de l’école de sa fille. Tout le livre alors s’organise autour de ce lieu de rendez-vous. Quelques beaux moments d’écriture, parfois très animale, très enlevée.
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Un véritable beau roman, sentimental, drôle, profondément humain …et bien au-delà, un roman historique et social. A travers le récit (presque une saga) de la vie de Paul Blick, nous traversons la 5ème république et la vie de notre société française. C’est très bien écrit, construit chronologiquement en 5 parties (De Gaulle, Pompidou, Giscard, Mitterrand, Chirac…ouf, il s’est arrêté là !). Dubois traite de tous les fondamentaux d’une vie à travers la vie de Paul Blick…les rapports au monde du travail…les rapports à l’amour..(sa découverte…puis le couple…puis)...à la famille (celle que l’on récupère et celle qu’on crée…).et toujours en toile de fond, la vie politique de la 5ème république. Un excellent livre.
la-ronde-des-post-it le 22-04-2009 à 15:39:14 # (site)
me plaît bien c'ui là!! je note!
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Déçu. J’espérais tant après un début de récit prometteur : toujours l’incontournable belle plume littéraire de Paul Auster, (des phrases agréables à l’âme poétique, son réalisme réflexif sur la vie) et une idée bien séduisante, celle de mixer, d’alterner le récit de la vie du personnage principal et celui de ses délires nocturnes, quand il s’invente des histoires…Et puis, le thème de l’insomnie, ça me connait. Tout pour plaire quand on a déjà lu des romans de Paul Auster.
August Brill a 72 ans et est hébergé dans le Vermont chez sa fille Miriam avec sa petite fille Katya. Tous trois souffrent des traumatismes de la vie…Lui, ancien critique littéraire, est coincé par son handicap dans son fauteuil roulant, il passe son temps à regarder des DVD le jour avec sa petite fille et la nuit à s’inventer des histoires. Et jusqu’à la page 122, il est bien question de la nuit…quand Auster met en scène Owen Brick , personnage sorti de l’imagination d’August Brill, balancé dans une Amérique en plein conflit de guerre civile. Là, Owen Brick se retrouve perdu, incapable de savoir ce qu’il fait dans ce nouveau monde, de savoir le pourquoi du comment de cette nouvelle Amérique (qui, par exemple, ne se souvient pas du 11 septembre). L’astuce est simple et brillante…pour sortir de la situation embarrassante dans laquelle il est plongé, Owen Brick doit tuer August Brill…imbrication de ces deux mondes, imbrication de ces deux récits...j’aurais souhaité que la nuit se prolonge et leurs récits avec… Mais le jour se lève et Katya vient rejoindre son grand-père qui récite sa vie…Alors après on s’y perd, que devient ce roman ? Entre les anecdotes artificiellement raccrochées au fil du récit et les digressions ennuyeuses sur la symbolique de l’objet dans le cinéma, Auster sacrifie son inventivité (et celle de son personnage) en narrant laborieusement la longue vie d’August Brill, de sa mère, de sa femme, de sa fille etc…et même si le thème de la guerre, les toutes dernières pages soulèvent bien les entrailles, je suis resté sur ma faim…Déçu, voilà.
Pourtant, « ce monde étrange continue de tourner ».
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