Le pivot d'Héricy

Mes critiques littéraires

posté le 29-05-2013 à 14:35:43

Le voyage en France de Benoit Duteurtre

              ♥

 

  "Le voyage en France" a obtenu le prix Médicis en 2001. D'habitude, j'ai plutôt tendance à aimer les lauréats et à me fier aux jurys ...mais là...il y a une erreur de casting!

 J'ai eu beaucoup de mal à m'intéresser à ce roman, le lisant finalement jusqu'au bout, par petites bribes d'une vingtaine de pages, sans prendre de plaisir et me demandant si, au final, il y aurait une raison de l'apprécier. Et en analysant ou en tentant de faire un bilan post-lecture, je ne saurais trop dire pourquoi cela ne m'a pas plu. Peut-être une multitude de choses.

  Ce roman est composée de deux histoires parallèles: d'une part, celle d'un journaliste quadragénaire parisien, cherchant un peu plus de gloire  et de lecteurs qu'il n'en a, et qui, dans sa jeunesse, alors qu'il grandissait près du magnifique site portuaire du Havre et de cette belle ville reconstruite, rêvait de New York  " Je reconnais la couleur verte de la mer, ce sable et ces galets où je marchais enfant quand les derniers paquebots partaient vers l'Amérique. Ma vie commençait, pleine de promesses et d'imprévu. Aujourd'hui je voudrais recommencer mon apprentissage: découvrir chaque jour comme un voyage qui peut bien me conduire n'importe où dans sa dérive, pourvu que je respire à nouveau l'air du large." ... Par ailleurs, celle de David, un jeune américain qui a grandi à East Village et qui est très épris de la culture française (Monet, le Paris de la Belle Epoque...) et qui n'a qu'un rêve: découvrir la France, enfin surtout Paris. Il est très lié également à notre pays puisqu'il est le fruit de l'union d'un soir entre un papa inconnu et français et sa maman, Rosemary, ex-militante américaine de la libération sexuelle.    

  Le voyage de l'un commence où s'arrête les rêves de l'autre puisque justement David arrive par bateau au Havre. Fasciné par le tableau de Monet qu'il a vu au Metropolitan de New York, - "Jardin à Sainte-Adresse"-, il recherche le panorama peint par le célèbre impressionniste. Le jeune américain découvre la France, une France qu'il n'imaginait pas, errant alors dans une cité de banlieue suite à une méprise: le nom du tableau est devenu le nom d'un arrêt de bus. Bon. Finalement arrivé sur le lieu où fut peint le tableau, David rencontre un jeune peintre qui joue à être Claude Monet, peignant sur les bords du rivage. L'homme est une pâle copie de Monet qui revisiterait l'oeuvre du maître et qui là, réactualiserait le tableau en en présentant une version noire sur fond noir. Bon. Cela ne plait qu'à moitié à notre David. Voici ce qu'il pense de sa première journée à Paris: " Il récapitulait le déroulement de cette journée bizarre, dans ce pays tout vibrant de culture où il n'avait rien vu de vraiment beau, à l'exception des nuages sur la mer et des souvenirs qui guidaient ses pas."

  Pendant ce temps-là, l'autre personnage principal apparait comme un quadragénaire parisien, post-ado sans réelle consistance, pris en charge par une Estelle qui s'amourache de lui. L'auteur décrit sa jeunesse havraise  (celle de l'auteur, sans doute...)" A quinze ans, je regardais la jetée et la mer comme l'horizon toujours ouvert où retentissait la sirène d'un paquebot , revenant de New York pour la dernière fois". On comprend le lien alors entre les deux personnages, l'idée directrice du livre, sa justification. Mais bon.

  David fait la connaissance de personnages atypiques -une artiste mégalo qui déclame des poèmes à toute heure, devient la proie amoureuse d'un religieux gay et constate le changement entre la France qu'il imaginait et la France d'aujourd'hui. Puis, après la découverte du Paris moderne et la déconvenue de ne plus retrouver une France au charme d'antan, David va rencontrer le narrateur (l'auteur) errant lui aussi dans ses amours et dans Paris, s'exilant par ailleurs parfois du côté du Havre. Voici l'essentiel du roman, on y décrit un peu la France d'aujourd'hui, une sorte de perte d'identité culturelle.

  Les scènes manquent alors de vraisemblance  (cf; au chapitre 10, la rencontre des deux pêcheurs alias le Général de Gaulle et Adolf Hitler, je n'ai pas tout compris..!!!)....et souffrent d'un excès de parisianisme. Les deux hommes vont apprendre à s'apprécier: " David parle avec ferveur des années 1900. cette nostalgie m'agacerait vite chez un Français.(...) l'illusion passe mieux dans ce regard étranger, parcourant le pays qu'il aime dans un rêve éveillé." Et alors que "Le voyage en France" est presque terminé, l'auteur déclare: " - Moi aussi, j'aurais besoin de m'éloigner. - Viens là-bas quelques jours, répondit David. C'est à moi de t'emmener en voyage."

  C'est la fin du livre, le retour vers "The Big Apple" pour David, et il faut avouer que le dernier chapitre est réussi. On sent un réel engouement, de jolies phrases sont écrites pour parler de New York. L'auteur, alors qu'il passe de l'autre côté de l'Atlantique, s'améliore.

  Je cherchais à savoir ce qu'était ce livre...C'est finalement la 4ème de couverture qui l'explique le mieux sans l'expliquer. "Conte, récit de voyage, autobiographie et fiction s'agencent dans ce crescendo romanesque qui glisse parfois dans l'hyperréaliseme au fantasmatique loufoque." Je confirme, difficile de s'y retrouver..

 


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posté le 19-05-2013 à 20:49:42

Avenue des géants de Marc Dugain

 

 

  Romancer un personnage, c'est le trahir pour mieux servir ce qu'on pressent de la réalité.

 

                                                                         

 

  Marc Dugain a le talent de composer à partir de la réalité, à partir du fait divers. Cette fois, il s'est inspiré de la vie d'Edmund Kemper (né en 1948), tueur en série, accusé de 10 homicides dont celui de sa propre mère. Dans le roman, il s'appellera Al Kenner.

  Au début du livre, on retrouve Al plutôt vers la fin de sa vie, en cellule, comme le vrai personnage l'est actuellement puisqu' après ses crimes, il a été condamné à perpétuité. On le découvre en compagnie de l'unique personne avec qui il communique, son unique lien avec la société, une femme nommée Susan qui semble fascinée par le personnage et lui apporte des livres à lire pour les aveugles. Personnage atypique, Al Kenner l'est absolument : il souffre d'hypermnésie (une suractivité du cerveau qui le plonge dans le passé) et est doté d'un QI supérieur à celui d'Einstein ; physiquement, c'est une masse, une armoire à glace de 2,20 m pour 130 kilos.De plus, c'est un homme qui n'a aucun désir et qui est traversé par ses mauvaises pensées qu'il ne peut refouler qu'en buvant excessivement.

  Le 27 août 1964, armé d'une Winchester pour tirer les lapins, Al Kenner tue ses premières victimes: ses grands-parents. Etant incapable de produire le moindre acte violent, il est jugé irresponsable de ses actes et est interné en hôpital psychiatrique." Al Kenner a tué dans ue impulsion irrépressible liée à une histoire familiale. Rien ne le prédispose à tuer en dehors de ce contexte, il n'en a ni l'envie ni le goût." C'est ce que déclare son psychiatre à une commission qui le remet en liberté après 5 ans d'internement.

 Finalement, en lisant ce livre, on verra qu'il en sera autrement car Kenner récidivera. Qui tuera-t-il? comment ? où? ce n'est pas à proprement parler l'idée directrice de Marc Dugain car ce roman n'est pas le récit des crimes horribles d'Al Kenner (ou Kemper). L'auteur par contre va s'intéresser aux causes et aux "pourquoi?" de ces meurtres, s'immiscer dans la personnalité troublante du serial killer: son rapport avec sa mère est notamment particulièrement détaillé, son rapport avec les femmes, ses errances, son manque de confiance et la recherche d'un père absent et disparu, son impossibilité à intégrer une "nstitution" (ni l'armée, ni la police ne veulent de lui). Une analyse de tous les facteurs qui ont poussé Kenner à tuer de nombreuses femmes jusqu'à sa dernière victime: sa mère.

  " La pensée du passage de la vie à la mort de cette jeune femme s'est mise à m'obséder comme s'il s'agissait de la seule énigme qui eût valu quelque chose sur terre.(...) Je ne pouvais détacher mes yeux de son visage. Ce qui me frappait était moins qu'elle fut morte que le caractère irréversible de cette mort et donc la puissance de celui qui l'avait provoquée."

   En plus d'être un roman d'analyse et/ou de psychanalyse, le roman qui se déroule pendant le mouvement hippies aborde largement le thème du rejet de la société américaine après la guerre du Vietnam. Marc Dugain décrit les traumatismes et les mouvements de la jeunesse de l'époque.

  Un vrai bon livre, à mi-chemin entre la réalité et la fiction, le reportage et l'inventif,  j'ai aimé la façon d'entrer dans la personnalité de cet homme qui est toutefois un monstre mais n'est finalement jamais montré comme tel. On sent vraiment l'empathie (mot souvent écrit dans le roman) de Marc Dugain pour son héros. et la fin du livre en est bien la preuve..

 

- Mais qu'est-ce qui se passe?

- Il ne se passe rien. J'ai décidé de vous emmener où je veux.

- Vous plaisantez, non ? Qu'est-ce que vous voulez? Nous violer? Nous tuer? 

- Les deux. Mais pas dans cet ordre-là...Mais non...je plaisante.

 

 


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posté le 09-05-2013 à 08:25:12

Rue des degrés de Didier Daeninckx

          ♥

 

  Un sympathique recueil de huit nouvelles qui commence tambour battant avec " La couleur du noir ", une enquête policière dans le milieu de l'édition...autant dire que l'exercice est parfaitement réussi pour Didier Daeninckx, ce prolifique et expérimenté auteur de polar à la française.

 La nouvelle dotée du titre éponyme du livre, "Rue des degrés", part d'une description de la plus petite rue de Paris, du quartier populaire où elle se trouve et d'un meurtre au pied d'une vieille plaque émaillée pour s'achever dans la modernité puisque le dénouement fait figurer les actuels réseaux sociaux....Bien vu !

 Les autres histoires sont plus courtes ( 10 à 15 pages) et il faut reconnaître le talent de l'auteur, même si lire des nouvelles est un peu frustrant. On aimerait y trouver plus de matière, plus de longueur...c'est ainsi!

  Didier Daeninckx, en quelques lignes, quelques pages, a l'art de camper des situations et des personnages crédibles, il intéresse avec des histoires insolites et un style agréable, précis sans être concis. Dans ce petit livre, nous pourrons donc passer d'un contexte à l'autre, d'une époque à l'autre : la Samaritaine et une vie banlieusarde pour " Un air de déjà vu", puis changerons d'hémisphère pour nous retrouver à Port-Vila, la capitale du Vanuatu pour "Jamais deux sans trois" et "L'épave de Port-Vila". J'ai aimé aussi ces personnages populaires, ces "petites gens", quand l'auteur décrit la banlieue et le Paris d'un autre temps ou encore l'ambiance de la frontière belge dans les années 30, l'époque du plein boom minier et de l'immigration polonaise ( " L'amour en contrebande") .

Et puis, à chaque fois, un dénouement plausible dans une histoire bien construite, ça se lit vraiment bien. Cela m'a donné envie de relire cet auteur déjà visité il y a fort longtemps avec son succès " Meurtres pour mémoire".

 


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posté le 08-05-2013 à 07:34:57

Le dîner d'Herman Koch

                                        

 

  Puisque le roman "Het diner" est structuré comme un repas, je vous propose une petite introduction , sorte de mise en bouche publicitaire : publié en 2009 et traduit en français en 2011, "Het diner" est un best-seller de l'écrivain et journaliste néerlandais Herman Koch. Son deuxième roman vient de sortir aux éditions Belfond "Villa avec piscine". 

   Nous voici rassasiés de ces informations croustillantes, passons maintenant à la critique...

 

  Il faut sans doute lire de mauvais livres pour en savourer de bons.  Enfin, mauvais livre...pas si sûr...Ecrire que "Le dîner" est un livre que je n'ai pas apprécié serait plus juste.

  Situer l'action pendant la durée d'un repas, pourquoi pas ? Cela m'a rappelé un autre roman qui s'appelait "Samedi" de Ian MacEwan qui lui se déroulait donc sur une journée. L'exercice de style cette fois était encore plus ténu dans le temps.

  Ce roman raconte la soirée des frères Lohman dans un chic restaurant d'Amsterdam: il y a Paul le narrateur, professeur d'histoire en disponibilité pour raisons médicales et Serge, un homme politique de premier plan qui a de grandes chances d'être le prochain premier Ministre néerlandais; tous deux sont accompagnés de leurs épouses, Claire et Babette.

  Pour mettre dans l'ambiance dès le début du livre, Paul, le narrateur, avoue n'avoir aucune envie de venir dîner avec son frère et sa belle-soeur, de s'asseoir dans cet endroit convenu pour y passer la soirée. Il préférerait manger une pizza avec son épouse, ne pas fréquenter ce lieu mondain. Tous deux boivent un verre dans le café voisin du restaurant pour, semble t'il se donner le courage d'affronter leurs hôtes. " Aussi nous sommes-nous souris quand on nous a servis nos bières, sachant que bientôt nous allions passer une soirée en compagnie du couple Lohman : nous vivions le plus beau moment de la soirée..." Et le lecteur, peut-être le plus beau moment du livre...

  Les deux couples sont assez liés puisque leurs deux fils Rick et Michel ont le même âge et font les 400 coups ensemble. Babette et Serge ont également une fille et un autre fils adoptif d'origine africaine appelé "Beau".

  Les couples arrivent au restaurant et l'on prend place ...champagne! Ca démarre plutôt bien mais le narrateur a une fâcheuse tendance à tout observer, tout disséquer avec force, tout dénigrer. On sent vraiment que ce ne sera pas la meilleure soirée de l'année...Paul critique les habitudes luxueuses de son frère, les manières du personnel vis-à-vis du notable qu'est son frère, le maître d'hôtel en prend vraiment pour son grade, les hotesses d'accueil y passent également...un vrai moment de bonheur.

  Et même si le début du repas est assez serein entre les quatre convives, on sent déjà une certaine tension dont on ne connait pas la cause. Juste qu'en partant de chez lui, Paul a découvert quelque chose de "frappant", de "terrible" sur le portable de son fils, un garçon plutôt tranquille au demeurant. Et puis, Paul a remarqué que, derrière ses lunettes noires, Babette avait pleuré...et pourquoi donc ? encore ce satané frère?

  Les couples parlent de ciné, l'auteur fait quelques apartés, digressent abondamment même, notamment avec un épisode sur les migrations néerlandaises qu'il juge négativement car son frère fait partie des gens qui trouvent que tout ce qui est français est extraordinaire (il se trouve que le couple Lohman possède une maison en Dordogne), un autre long moment à nous expliquer les déboires professionnels de Paul, enseignant atypique et parfois violent...Le repas continue en annexe, une jeune serveuse renverse du vin, on observe la table voisine,  le maître d'hôtel a son petit doigt en l'air pour servir et la cuisine est très "nouvelle cuisine"...bref, on s'ennuie à bon compte car il ne se passe pas grand-chose avant d'apprendre ce qui préoccupe les couples. L'atmosphère est particulièrement pesante et lorsque le plat arrive, Serge Lohman dit à son frère: "En fait, nous devons parler d'un autre sujet, Paul (...) Nous devons parler de nos enfants."On y est.

  Reste donc les 4 dernières parties du repas - le plat, le dessert, le digestif et le pourboire, pour comprendre ce qui trame, ce qui s'est passé précédemment avec les enfants des deux couples...

  Et c'est long. Très long. Ennuyeux et sans humour. Une vraie pesanteur et c'est tout ce que je peux reconnaître à ce livre et à cet auteur, c'est une grande aptitude à dégager un vrai mal être. Herman Koch véhicule vraiment des idées bizarres, cyniques voire...presque limite,  des pensées immorales qu'il prête à Paul, son narrateur ( notamment par rapport à l'adoption, au racisme...). J'avoue vraiment avoir eu du mal à me faire à cette étude de moeurs et au au menu de ce dîner raté.

  Rien à sauver, même le style peu fluide où chaque parole est entrecoupée de commentaires plus ou moins intéressants, des lieux communs, des avis dont on se moque éperdument...bref. j'ai réussi à aller au bout mais..même la fin n'en vaut pas la chandelle ! Je me demande comment un livre peut obtenir un tel succès !

 


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posté le 05-05-2013 à 09:20:03

Une exécution ordinaire de Marc Dugain

                       

 

 Ce livre est un reportage romancé sur l'URSS et ce qu'elle est devenue, la Russie. En décrivant le destin de la famille Atlin sur deux générations, Marc Dugain évoque l'évolution de la société russe et de ses fonctionnements politiques, du passage du communisme à l'arbitraire de la nouvelle oligarchie, décrivant également les nouvelles règles du pouvoir et de l'argent. Il propose de dresser le portrait de la société soviétique à travers des épisodes indépendants qui vont de la période de la guerre froide avec Staline et le KGB jusqu'à nos jours, avec une certaine "belette", chef du FSB...alias Plotov dans le livre et Poutine dans la réalité.

  L'auteur choisit de bâtir son récit autour de l'accident du sous-marin le "Koursk" qui s'échoua en mer de Barents et qui tua 123 marins, une centaine mourant dans l'explosion, les 23 derniers restant enfermés dans l'arrière du monstre d'acier de 18 000 tonnes sans qu'on puisse ou qu'on veuille venir les sauver. Et c'est à travers cette tragédie qui se déroula en août 2000 (14 ans après Tchernobyl) que Marc Dugain décrit la déliquescence d'une armée et l'ignominie du pouvoir: décider de sauver ou de laisser mourir 23 hommes enfermés dans un sous-marin échoué.

  L'histoire de ce roman commence en 1952 avec le récit des soins de Staline, gravement malade et qui, en fin de vie apprend qu'une urologue du nom d'Olga Ivanovna Atlina possède des dons de guérisseuse. C'est son fils Pavel qui raconte que le Vojd fit venir sa mère au Kremlin et lui demanda de le soigner, d'apaiser ses maux grâce à ses pouvoirs de magnétiseur. C'est une période où tout est suspect, trouble, les arrestations arbitraires et autour d'Olga, on s'inquiète pour elle quand elle est emmenée pour une destination inconnue. Sa mission auprès de Staline doit rester secrète, et cela, même auprès de son mari. Elle finit par lui dire qu'elle a un amant car Staline exige qu'elle se taise. Lors d'entretiens répétés et lorsque Olga appose ses mains sur le corps du dictateur, Marc Dugain nous présente cet homme, ce bourreau d'une façon presque humaine et débonnaire, apportant quelques justifications inédites de ses actes ou décisions. Puis Staline meurt et Olga peut retrouver son mari en 1957 pour repartir pour une nouvelle vie avec la naissance de son enfant, Pavel.

  C'est à Berlin que se déroule le deuxième épisode, on y retrouve alors un jeune agent secret du nom de Plotov et l'on ne tarde pas à comprendre qu'il sagit de Poutine lors de son intégration au KGB. Le lien est un peu surprenant avec la première partie, mais on comprend alors plus tard l'idée directrice de l'auteur et ce qu'il a cherché à montrer.

  Ce livre est composé de sept parties, je ne vais pas raconter chaque épisode mais j'avoue que la fin reste pour moi un grand moment d'intensité de lecture: il faut atteindre l'ultime étape appelée "Le silence des mots". Et s'il n'y avait eu cette fin si tragique et si terrible avec le récit du Koursk, de ses causes et de ses conséquences, j'aurais sans doute trouver ce roman moyen, manquant sans doute d'unité, même si les qualités d'écriture de l'auteur sont certaines. Marc Dugain est très agréable à lire et je pense que j'y reviendrai.

  Ce livre mérite d'être lu pour cette fin certes...et même un peu plus, car ce serait réduire le véritable travail d'historien et de sociologue de M.Dugain qui fait une sorte de triste bilan, le constat des dégâts qu'a pu faire le communisme. A noter également la belle part de romance dans ce tableau de la société russe où il n'y a pas qu'un intérêt pour les grands noms russes, mais aussi où la vie de Pavel Atlin nous est contée froidement mais avec talent.

 

 


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posté le 14-04-2013 à 06:55:37

Le potager des malfaiteurs ayant échappé à la pendaison d'Arto Paasilinna

        ♥

 

 

  Il aura fallu qu'un trublion de mes amis m'offre ce livre l'an passé pour que je retourne dans le Grand Nord auprès de l'illustre trublion de l'écriture finnoise. La couverture, je pense, aiguilla mon ami dans son choix de cadeau...   

  Il ya quelques années, j'avais apprécié le style et la fantaisie de Paasilinna, son originalité à travers des récits comme "Le lièvre de Vatanen "ou " Le meunier hurlant" ou encore "La douce empoisonneuse". D'autres romans présentaient à mon avis plus de défauts que de qualités, le côté loufoque à l'excès m'éloigna longtemps des écrits prolixes du conteur finnois. Les auteurs qu'on lit marquent souvent une période de notre vie...et puis, parfois,on s'en éloigne.

  Dans ce nouvel opus au titre particulièrement original paru en France en 2012 mais écrit en 1997, on suit les pérégrinations d'un inspecteur des services secrets finlandais, le dénommé Jalmari Jyllänketo. Celui-ci va mener pour la sécurité nationale une enquête dans une exploitation d'herbes aromatiques et de champignons (le domaine de l'Etang aux Rennes) située dans l'ouest de la Laponie: il semblerait que ce lieu soit le théâtre d'étranges disparitions. Jalmari Jyllänketo arrive sur le site en se présentant comme controleur du Ministère de la Santé et expert dans le bio devant mener une enquête sur la qualité de la production maraichère. Ancien kholkoze d'une époque prolétarienne aujourd'hui révolue, il se trouve que le personnel de l'exploitation est pour le moins étrange abritant notamment un évêque aux puissants prêches manichéens, un ex-député préférant sarcler et cueillir des baies plutôt que de siéger au Parlement finlandais; un ancien aviateur spécialisé dans la dispersion de cendres funéraires et, sur le domaine, homme à tout faire à la fois chauffeur et fossoyeur; une horticultrice mystérieuse et romantique, bref, toute une galerie de personnages délirants et atypiques qui sortent de l'imagination du bouillonnant Paasilinna...

  Que va donc découvrir sur le site lapon du Grand Nord notre faux controleur...? Vous le saurez en lisant le foisonnant roman de Paasilinna, roman qui ne manque pas de fantaisie, comme à l'accoutumée.

  Disons seulement qu'en suivant les aventures rocambolesques de Jalmari Jyllänketo, vous pourrez dans un récit qui ne manque pas de rythme: faire de la moto et croiser une horde de Hells Angel, faire un vol en Cessna qui vous mènera au nord du cercle arctique dans la région de Mourmansk, suivre l'organisation d'une réunion des plus grands chefs d'entreprise, réunion ayant lieu à Montevideo et bien sûr en apprendre un peu plus en agronomie notamment sur la culture des agarics, pleurotes ou autres shiitakes (?).

 

  Par conséquent un livre très "paasilinnien", où l'auteur laisse divaguer son imagination débordante, loufoque à souhait, partant dans de multiples digressions, le récit se perd alors un peu parfois; l'écriture est simple et directe, il y a des passages documentaires intéressants et quelques remarques sur la société finlandaise en marge de l'histoire où l'on ne s'ennuie pas. Un roman bien structuré qui se lit tranquillement ...lecture de vacances ou de plage ?

 

 

 


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posté le 04-04-2013 à 07:43:53

L'absolue perfection du crime de Tanguy Viel

                        

 Un petit livre aux éditions de Minuit, maison d'édition de goût qui semble aimer les mots et privilégier le "style". La langue française se manie, se manipule, se chérit de mille et une façons et les éditions de Minuit véhiculent une belle idée de ce qu'on peut faire des mots, ce n'est pas pour rien qu'on y retrouve Jean Echenoz, pour moi, le maître.

  Mais n'est pas Echenoz qui veut et si j'ai trouvé quelque ressemblance dans l'écriture de Tanguy Viel et de mon "chouchou", quelques envolées à la hauteur du maître, j'ai été globalement moins emballé tout de même.

  Un petit livre très bien ficelé, avec trois actes découpés dans le temps et dans une ambiance sombre de malfaiteurs de la vieille époque assez bien rendue: nous allons vivre le casse du siècle ( ou plutôt un "autre" casse du siècle, nos héros ne sont pas des Spaggiari !), et comme le dit le chef de la bande, ce n'est pas un casse de plus, c'est " l'absolue perfection du crime ".

  La première partie présente la "famille" avec celui qu'on appelle "l'oncle", une sorte de parrain de province, -nous sommes sans doute à Brest, un "chefaillon" d'une bande de truands à la petite semaine. Il y a aussi Marin que le narrateur ne porte pas dans son coeur puisque le livre commence presque par une bagarre entre les deux hommes; il y a Andreï et aussi Lucho que l'on recrute rapidement, trop rapidement et aussi Jeanne et puis "la tante". Tout ce beau monde se réunit, les hommes descendent cognac sur cognac et l'ambiance est toujours tendue, on n'est pas là pour s'amuser, même si le soir, on traine les bars. " Parce qu'on n'aurait dérogé pour rien non plus à l'idée de sortir la nuit, comme le négatif de nos journées , se montrer en ville le soir, vestes noires, cheveux peignés comme il faut, parfums, on s'accoudait aux comptoirs sur les hauts tabourets, et on se sentait observés, c'est-à-dire respectés."

  L'oncle a alors la brillante idée de faire un casse au casino...non, pardon, de réussir "l'absolue perfection du crime". Mais on perçoit rapidement que la perfection ne sera pas atteinte car l'auteur nous fait comprendre par le truchement du narrateur et avec l'emploi du conditionnel que, fatalement, ça va mal se passer: " Tant qu'à faire, on n'a qu'à se déguiser en bagnards, on gagnera du temps. Mais ça n'a faire rire personne, ni moi au fond...(..) Même Lucho, il avait fini par dire que si ça foirait on saurait pourquoi, supportant mal de ma part, dira-t-il aussi, qu'on cherche la poisse à tout prix."

  Dans la deuxième partie, on est au coeur même de l'action, puisque l'ingénieux casse est réalisé (la méthode est comique...mais je ne parlerai pas, ne révélerai rien !). Les malfaiteurs vident les coffres et on se partage la monnaie. Et puis...tout dérape alors..et ...

  Et enfin, sept ans plus tard, on retrouve notre héros à sa sortie de prison et arrive alors le temps de la vengeance. Les Mercedès ont alors changé de forme, les bars ne se nomment plus de la même façon mais...rien n'a changé vraiment, surtout pas ses ex-collègues qu'il se met alors à traquer.

 

  Un policier donc mais rien de commun avec le noir de Frédéric Dard  (je choisis cet exemple pour l'époque) car le style de Tanguy Viel est plutôt original et recherché,...pour ne pas dire un peu trop alambiqué parfois ! Les phrases sont un brin tortueuses, longues à souhait, truffées de virgules et d'appositions, il n'y a aucun dialogue...tout cela est un peu empesé. Conséquence: il n'est pas aisé d'entrer dans le roman. Et puis, au fil de la lecture,, on se fait au récit du narrateur, on s'habitue à la forme, passé les 50 premières pages, je peux même dire que j'ai regretté la fin qui arrive un peu vite, un peu sans surprise.

 A découvrir si l'on ne connait pas car l'auteur mérite toutefois un arrêt, mais peut-être pas le détour... l'avantage étant pour le lecteur un engagement de courte durée: 174 pages seulement.

 

 


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posté le 30-03-2013 à 05:48:47

La vérité sur l'affaire Harry Quebert de Joël Dicker

                   ♥

 L'imposant second roman de Joël Dicker se termine par ces mots: " A présent, je pars à la quête de l'amour."C'est tout le bien qu'on peut souhaiter à l'auteur qui a réussi sa précédente mission, son premier Graal, à savoir écrire un livre, et un bon livre. C'est vrai qu'une fois fini, on le soupèse, on regarde sa couverture, on le tourne et le retourne et on ressent une petite tristesse de l'avoir terminé, de savoir enfin "La vérité sur l'affaire Harry Quebert" et de quitter tous les personnages du roman. Notamment les deux principaux protagonistes, tous deux écrivains et amis, Marcus Goldman et Harry Quebert. L'élève et le maître.

  Tout commence avec la panne de l'écrivain à succès Marcus Goldman qui, après un immense succès en librairie, n'arrive plus à écrire un mot, enfin... tout ce qu'il écrit, il le juge "mauvais". Il a, de plus, une certaine pression car son éditeur attend de lui une pépite, une merveille de sa plume qui pourra réveiller sa carrière en berne. Alors, Marcus quitte New York et part s'installer chez son professeur d'université à Aurora, petite ville du New Hampshire (-et pas la tristement célèbre Aurora du Colorado, 12 morts dans la tuerie du cinéma). L'idée est de séjourner dans la maison que le maître habite et qu'il a déjà fréquentée afin qu'il puisse lui prodiguer quelques conseils et qu'il lui redonne les clefs de l'écriture. Jusque là, c''est tout simple, Joël Dicker narre leur rencontre et leur amitié qui s'étale entre 2000et 2008, date à laquelle Marcus revient voir son vieil ami. Pour ce qui est de retrouver l'inspiration, rien dans un premier temps mais... une macabre découverte dans le jardin de la maison d'Harry Quebert va tout changer.

  Des jardiniers venus planter des hortensias vont découvrir le corps d'une certaine Nola Kellergan, jeune fille de 15 ans dont Harry a été follement amoureux 33 ans auparavant. Les ossements et avec eux, un manuscrit, le fameux manuscrit du livre à succès d'Harry Quebert Les origines du mal, un roman d'amour qui est fortement inspiré de la relation vécue par Harry et Nola en 1975. Tout porte à croire bien sûr  qu'Harry a tué cette jeune fille disparue et enfin retrouvée mais Marcus ne peut croire à la culpabilité de son ami Harry Quebert. Alors, il va mettre tout en oeuvre pour l'innocenter et par là même, commencer à écrire un roman sur cette histoire.

  Personnellement, j'aime beaucoup cette idée d'écrire un livre dans un livre, même si le récit de Goldman n'est pas retranscrit par le récit de Dicker. En tout cas, Goldman va se situer à mi-chemin entre l'écrivain et le détective, il veut retrouver des indices qui vont disculper son ami et mener son enquête, faire revivre et comprendre un peu la vie à Aurora en 1975, année de l'amour qu'ont connu Nola et d'Harry. Elle avait 15 ans, il en avait 34.... Alors Marcus va fouiner, questionner, interroger, interviewer toute une batterie de personnes ayant connu Harry ou Nola à l'époque. Les personnages ont une trentaine d'années de plus, bien sûr, mais le souvenir de Nola est encore bien vivace et Marcus finit par s'attirer des ennuis. L'essentiel est là, inutile d'en dévoiler plus, il faut se plonger dans le roman ...et l'eau est chaude!

  L'auteur nous fait naviguer entre les deux époques, nous livre les témoignages de chacun et ne laisse pas un instant de répit au lecteur subjugué que j'ai été pendant presque la totalité du roman. La construction de "La vérité sur l'Affaire Harry Quebert" est absolument magnifique, c'est 670 pages d'un régal manié de main de maître, d'un mets délicieux Hitchcockien qu'on a du mal à quitter. Dans cette histoire, il y a d'incessants rebondissements, le rythme est toujours soutenu et toujours virevoltant, pas de temps mort avec des scènes qui s'entrelacent, entre le passé d'Harry et le présent de Marcus, c'est excellent! Deux ans ont été nécessaires à l'auteur pour construire le parfait scénario de cette histoire, monter cette fameuse "affaire", quel travail...! Et il me tarde d'aller voir une adaptation cinématographique qui parait évidente.

  Juste un bémol finalement pour la longueur et l'arrivée du dénouement car...on veut savoir et Joël Dicker s'amuse, en profite, fait un peu durer (mais d'une manière sincère), choyant son "joujou" qu'il a crée et prolongeant le plaisir de mener son lecteur en bateau...j'ai cru qu'on n'arriverait jamais à savoir...mais si !

  Un livre qu'il est peut-être difficile à classer car, oui, c'est une sorte de thriller mais très original, pas du tout noir et mettant aussi en lumière "l'écrivain ", dans ses rapports avec le monde mercantile de l'édition et dans ses affres de la page blanche.C'est également une belle histoire d'amitié, de confiance et d'etime entre le maître et l'lélève.

  Au final, un roman vraiment très attachant, très bien construit et facile à lire qui a été récompensé par Le Goncourt des Lycéens et le Grand Prix de l'Académie Française...! Et puis, un tableau de Hopper sur la couverture, tableau qui, je crois a joué sur mon imaginaire, sur les images que j'ai pu m'inventer en lisant le livre...bien vu !

 

P.S. la page Web de Dicker...très intéressant, des détails sur la construction du roman.

 

http://joeldicker.com/la-verite-sur-laffaire-harry-quebert-nouveaute/

 


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posté le 23-03-2013 à 07:21:10

Zulu de Caryl Férey

     ♥

 

  Après avoir profité de l'écriture de Caryl Férey avec Mapuche, thriller situé en Argentine et écrit en 2012, j'ai remonté un peu le fil du temps et de ses mots, pour déguster ceux de 2008. Un autre roman dur et saisissant. Réaliste et moderne. Palpitant et violent. Avec la spécificité d'un thriller de Férey, placer l'histoire dans le contexte géo-politique.

  Nous sommes en Afrique du Sud, cette fois. Pays ayant un des plus forts (sinon le plus fort) taux de criminalité dans le monde, il n'y a qu'à se servir, si je puis dire, pour trouver matière à polar. " ...18 000 meurtres par an, 26 000 agressions graves, 60 000 viols officiels (probablement 10 fois plus), 5 millions d'armes à feu pour 45 millions d'habitants, les chiffres du pays étaient effrayants". Et puis, pour définitivement ancrer le contexte, nous sommes proches de la future coupe du monde de football que le pays doit organiser...à priori la période de l' Apartheid est définitivement terminée. "La nouvelle Afrique du Sud devait réussir là où l'apartheid avait échoué: la violence n'était pas africaine mais inhérente à la condition humaine. En étirant ses pôles, le monde devenait toujours plus dur pour les faibles, les inadaptés, les parias des métropoles."

 

  Ali Neuman est le chef de la police de Cape Town. Il est noir, c'est un zoulou qui occupe ce poste important et il doit retrouver l'assassin d'une jeune femme blanche, Nicole Wiese, fille d'un célèbre rugbyman Afrikaner. Crime pour le moins sordide, la jeune fille de bonne famille est retrouvée violentée et droguée dans un parc de la ville. Une drogue dont on a bien du mal à identifier toutes les composantes...Les premières constatations mènent l'enquêteur, aidé de ses jeunes collègues Epkeen et Fletcher, vers le milieu de la drogue et les misérables quartiers d'Afrique du Sud, c'est à dire les townships, là où s'entassent les populations noires et défavorisées, là où sévissent les gangs et les mafias, là où est exarcerbés à l'extrême la violence de ce pays.

 Ce crime met en lumière les ambiguïtés de l'Afrique du Sud avec ces deux populations bien distinctes qui cohabitent. Caryl Férey pose dans cette intrigue les bases d'une enquête qui permet de dévoiler, de soulever tous les problèmes d'une société multi-raciales. Certes, l'Apartheid est aboli...mais la société sud-africaine va-t-elle mieux pour autant? Tout le monde a-t-il réellement intérêt à tourner la page?

  Ce livre est passionnant car il n'est pas simplement un thriller efficace. L'auteur navigue entre les contextes, entre les différents quartiers, passant de la beauté des paysages de Cape Point, des criques paradisiaques de Clifton au ghetto sordide de Khayelitsha. Il nous fait parfaitement prendre conscience de la mosaïque de communautés qui compose l'Afrique du Sud: la communauté blanche aisée et les communautés noires -les tsotsis, les xhosas, les zoulous-, et réussit à intégrer à ce roman un peu de mystère, de rituels tirés de la culture africaine ancestrale.

  La drogue, la machette, les armes à feu et la cruauté sont bien pregnantes dans ce roman et l'intrigue nous mène à terme, on se sent comme happé par cette histoire, Caryl Férey nous laisse à chaque fin de chapitre avec une envie d'y revenir, de continuer, d'avoir envie d'en savoir davantage...Les personnages sont parfaitement crédibles, et parmi les enquêteurs, Neuman, Epkeen et Fletcher, chacun a ses caractéristiques et des caractères qui les rendent humains, vivants, attachants.

  Caryl Férey possède un vrai talent de narration, j'ai vraiment pris du plaisir à lire ce roman. Ce livre n'est pas un simple thriller, l'impression d'en sortir un peu moins...un peu plus... cultivé ! 

 

 


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posté le 15-03-2013 à 18:34:07

Hiver de Mons Kallentoft

                                  

 

   Un roman froid comme son titre. C'est l'hiver en Suède et comme dans les plus "torrides" des romans d'Henning Mankell, on a l'impression que cela va durer toute l'éternité.

  Le pendu dont on peut apprécier les voutes plantaires sur l'originale photo de couverture s'appelle Bengt Larsson et pèse son quintal et demi. On le retrouve suspendu à une  (solide) branche d'un arbre isolé dans la campagne environnant Linköping. Il fait froid, la neige est omniprésente.

Qui est cet homme? Qui a bien pu le hisser et le pendre comme un trophée après l'avoir atrocement mutilé? Règlement de compte? Vengeance ou un jeu stupide ? Rite sacrificiel en rapport avec les Ases (sorte de dieu de la mythologie nordique) ?

  L'inspectrice Malin Fors, entourée de son fidèle Zeke Martinsson et de ses collègues de la brigade de Linköping, va mener l'enquête. Retrouver l'identité du pendu puis savoir qui était ce fameux Bengt, fouiller dans son passé et son passif car la victime sort d'une bien étrange famille...pas étonnant qu'il soit devenu un associal notoire. Inutile d'en dire plus pour déguster ce policier venu du froid, tout est dit, il ne reste plus qu'à entrer dans l'histoire et le style plutôt plat et terne de Mons Kallentoft, s'attacher si on le peut aux personnages peu empathiques et a une inspectrice sans caractère et peu attachante.

  Une fois le crime présenté, l'auteur plante le décor avec tant d'application et les chapitres se suivent et se déroulent mollement, sans surprise: je me suis largement ennuyé. Trop de lieux communs, d'artefacts déjà rencontrés: l'enquêtrice, Malin Fors, dans ses rapports avec l'éducation et sa situation de femme divorcée; les différents collègues que l'on passe en revue, que l'on affuble de signes particuliers distinctifs (l'un chante dans une chorale, l'autre élève ses enfants en bas âge, le chef de la section est un immigré qui traine son intégration comme un boulet...). J'ai eu l'impression de lire une copie bien propre, bien appliquée, une recette où malheureusement le plat aurait manqué de temps de cuisson. Je me pose alors cette question, pourrait-on dire: "froid comme un suédois?".

  Seule petite originalité dans la forme: l'intervention récurrente du pendu qui parle à notre enquêtrice du fond de ses ténèbres. L'auteur le fait communiquer ses pensées au fur et à mesure que l'enquête piétine..pardon avance.

  Au final, pas un énorme intérêt à lire ce livre policier. Une enquête où l'on se perd un peu avec pas moins de 30 personnages -récapitulés dans un rêve de Malin Fors en fin de livre. A déguster avec parcimonie donc sauf si l'on est fan des Jakobsson, Larsson, Johansson, Karlsson, Anderson, Svensson ou Hermansson (tous ces noms sont extraits d'Hiver...).

  A noter que les autres saisons existent, l'auteur les a traitées...mais je me contenterais de celle-ci.

 

 


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posté le 16-02-2013 à 07:06:22

Les pissenlits de Tasunari Kawabata

 

 

          ♥

Yasunari Kawabata a été prix Nobel de littérature en 1968. Une sommité pour le Japon, à l'image de "Haruki Murakami' aujourd'hui. Dans Wikipédia, il est indiqué qu'il est un écrivain obsédé par la quête du beau, la solitude et la mort. D'ailleurs, en 1972, il mit fin à ses jours et choisit le gaz comme mode de départ.

 " Les pissenlits" est une sorte d'oeuvre posthume puisqu'elle est parue en feuilleton entre 1964 et 1968 et n'a pas été achevée. Editée en 2012 en France, c'est un écrit hors norme et intemporel.

  Ce roman démarre avec l'internement en hôpital psychiatrique d'une jeune femme nommée Ineko qui souffre de cécité partielle, maladie qui semble liée à la mort de son père décédé accidentellement lors d'une promenade à cheval avec elle. Depuis, elle "voit" disparaître les humains par intermittence. L'hôpital se trouve dans la petite ville d'Ikuta, située en bord de mer et ce sont sa mère et son amant, le dénommé Hisano qui l'accompagnent. Une fois laissée Ineko à l'hôpital, Hisano est sa putative belle-mère commence à dialoguer interminablement sur les causes de l'internement. Leurs pensées pour elles sont incessantes, liées par un amour commun mais différent dans leur façon d'aimer Ineki. " ...je pense que sa cécité ne survient que face à une personne qu'elle aime (...).Autrement dit, elle n'aura pas de crise en se promenant en ville parmi des passants  qui n'ont aucun raport avec elle." Dans cette journée et cette nuit d'échanges et d'explications, les deux personnages entendent dans le lointain la cloche du temple que les patients de l'hôpital sonnent. Cette cloche leur sert de lien avec Ineko car ils l'imaginent commencer sa thérapie, la frappant comme exutoire, entamant sa guérison au milieu des fous.

  Ce récit est empreint d'une multitudes d'interrogations, de réflexions philosophiques. C'est un peu répétitif mais parfois ce n'est pas inintéressant. Comme par exemple, à propos du destin et de la responsabilité de la mort d'un proche..."En général, n'est-ce pas, lorsque les membres d'une famille ou des proches sont confrontés à la mort d'une personne, ils souffrent d'une sorte de culpabilité mêlée de remords ou bien ils sont poursuivis par des tourments moraux. N'essaient-ils pas alors de les dissimuler sous le masque de la tristesse et du regret ? Qu'elle soit le fait de la maladie ou qu'elle résulte d'un accident, la mort d'un être humain est hors du pouvoir des vivants"

  Evidemment rien de très gai tout le long du roman...la mort du père, le chagrin de l'amant, la désolation de la mère et la fille à l'asile, ajoutons-y un peu d'hallucinations...ça fait un peu beaucoup...et ça tourne un peu en rond. Après avoir suivi dans la première partie les inquiétudes des deux survivants, l'auteur fait un retour en arrière lorsqu'Ineki eut ses premiers symptômes, perdant de vue momentanément une balle de ping-pong lors d'une compétition. Ineko et sa maman s'entretiennent à propos de cette fameuse cécité sporadique et font le lien avec une hallucination du père, Kizaki, lieutenant-colonel de l'armée nippone et qui faillit se suicider le jour de la capitulation en 1945 après avoir erré une semaine dans les montagnes. Kizaki, prêt à commettre l'irréparable, entrevit une jeune vierge de la montagne qui le sauva...

  A la fin de ce roman plein d'une symbolique (que je n'ai pas toujours perçue...), on retrouve Ineko et son amoureux Hisano dans l'évocation d'une énième vision étrange: Ineko, qui ne voit parfois plus le corps de son amant durant une étreinte, se met à contempler un arc-en-ciel aux teintes de pêche...

  Roman inachevé, j'ai presque envie de terminer ma critique de la même façon......voilà, ça se termine comme cela, un récit trop étrange et trop poétique pour moi...

 

 


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MaxLouisM  le 18-02-2013 à 00:10:49  #   (site)

Bon jour,

Je ne connais pas cet auteur mais selon votre critique il me fait penser dans une certaine mesure à Edmond Jabes.
Je vais sûrement acheter ce livre. Merci à vous.

Note : il y a une coquille : " feuilleton entre 1964 et 198 et n'a pas été achevée" - 1968 sans doute.

 
 
posté le 09-02-2013 à 07:36:26

Au piano de Jean Echenoz

                    

 

 

Max Delmarc est un virtuose, un émérite joueur de piano dont la vie est rythmée par les représentations et les enregistrements. Une vie pour le piano.

  On le découvre au début du roman avec son fidèle acolyte Bernie, sorte de page des temps modernes qui organise la vie de l'artiste et le modère pour son sérieux penchant pour la dive bouteille. Une promenade dans le parc Monceau...et c'est parti pour le monde magique et entrainant de Jean Echenoz, sur un  mode particulièrement farceur et drôle. Un régal d'humour et de légéreté...

  "Il était alors vingt heures trente pile, Max venait d'ôter son imperméable et soudain, quand il s'y attendait le moins, Bernie le poussa vivement dans le dos au-delà d'un rideau, et la houle se transforma aussitôt en tempête et il était là, le piano. Il était là, le terrible Steinway avec son large clavier blanc prêt à te dévorer, ce monstrueux dentier qui va te  broyer de tout son ivoire et tout son émail, il t'attend pour te déchiqueter...le silence se fit aussitôt et voilà, c'est parti, je n'en peux plus. Ce n'est pas une vie. Quoique n'exagérons rien. J'aurais pu naître et finir à Manille, vendeur de cigarettes à l'unité, cireur à Bogota, plongeur à Decazeville. Allons-y donc puisque on est là, premier mouvement, maestoso du Concerto n°2 en fa mineur, op.21 de Frédéric Chopin.."

  Pas facile la vie d'artiste quand on n'a plus le coeur à l'ouvrage et les idées vagabondes...quand on pense et repense à Rose, un amour de jeunesse -l'époque du Conservatoire-, et qu'on a tendance à le matérialiser un peu partout...Il y a aussi cette belle femme qui promène son immense chien sur le trottoir parisien - "une femme surnaturellement belle, pas le même genre que Rose, encore que, oui, il y avait quelque chose" (le chapitre 7 est une merveille...-Max croisant la belle et qui la suit puis l'aborde dans la rue..).

  Mais pas trop le temps de réfléchir à cette éventuelle idylle pour Max qui repart en concert et qui,- il ne le sait pas encore-, n'a plus que quinze jours à vivre.

  Un peu après, Max croise de plus en plus souvent cette femme avec son chien, et il y a des sourires échangés, alors on croit à une histoire d'amour pour Max le solitaire. " ...elle lui adressa un sourire amusé, presque complice ou seulement indulgent et qui eut même l'air de se prolonger, après qu'elle lui eut tourner le dos, ce qui eut pour effet chez Max de se sentir ridicule puis flatté, puis ridicule de se sentir flatté. Et donc non. Raté, Jean Echenoz aime les fausses pistes, Max ne connaîtra apas l'Amour avant de mourir.

  D'autres personnages entourent Max, notamment son imprésario Parisy qu'il ne supporte pas et qui le pressurise- "il n'entend rien à la musique, il a autant de sens artistique qu'un yaourt" ; il y a aussi Alice qui vit dans son appartement et qu'on croit bien être sa... compagne puisque l'auteur fait tout pour qu'on se méprenne. Excellentissime manipulation d'Echenoz au chapitre 9. Parlant au lecteur... " Vous, je vous connais, par contre, je vous vois d'ici. Vous imaginiez que Max était encore une des ces hommes à femmes, un de ces bons vieux séducteurs, bien sympathiques mais un petit peu lassants. Avec Alice, puis Rose, et maintenant la femme au chien, ces histoires vous laissaient supposer un profil d'homme couvert d'aventures amoureuses. Vous trouviez ce profil convenu, vous n'aviez pas tort."

  Et puis, au cour de cette errance, notre héros meurt. Enfin, pas tout à fait, ce serait trop court et cela manquerait de courtoisie de la part d'un auteur que je trouve déjà trop concis. Max Delmarc se retrouve alors dans un étrange hôpital appelé "le Centre" et qui est pour le moins déprimant. Sans le ressusciter, on le soigne, on guérit presque le pianiste mais pour lui, plus question de jouer. Mort, il doit changer de ...vie ! Il ne lui reste plus qu'à connaître sa destinée: à droite l'enfer, à gauche le paradis...quid pour Max? De quel côté des "morts-vivants" va-t-il errer sur Terre?

 

  Peut-être pas le meilleur roman d'Echenoz, mais assurément un très bon moment. Il faut juste se laisser aller, profiter de l'atmosphère de ce petit livre et de l'écriture d'Echenoz;le maniement des mots au service de l'humour... Je suis fan.

 

  

 


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posté le 29-01-2013 à 17:54:46

Le sermon sur la chute de Rome de Jérôme Ferrari

 

 

 

 

" Le bonheur, c’est de continuer à désirer ce qu’on possède"

Saint-Augustin, evêque d'Hippone.

 

        

 

  Lire un Prix Goncourt est l'assurance d'avoir un ouvrage de qualité entre les mains,de s'ouvrir à un moment de Littérature contemporaine.

  Avec le livre de Jérôme Ferrari qui semble être un peu une surprise pour ce prix (ses livres précédents n'ont pas connu un tel succès, je l'ai entendu dans une interview et il paraissait un peu dépassé par l'événement...), cela n'a pas failli et j'ai eu un réel plaisir à "déguster" ce petit livre. La 1ère de couverture n'est pas très attractive (pourtant les éditeurs savent combien cela compte dans le choix d'une lecture) et le titre...moins encore.

  Un roman, ce sont des mots et une histoire mais avec Jérôme Ferrari c'est encore un peu plus car il y a une réelle portée philosophique dans ce récit allégorique.

  Un peu d'Histoire pour commencer, sinon difficile d'entrer dans le texte ou dans le contexte (même si l'histoire proprement dite et racontée est tout à fait contemporaine).

  Augustin d'Hippone ou Saint Augustin est né en Algérie en l'an 354, il meurt en 430 à Hippone. C'est un philosophe et un des plus grands théologiens qui influença durant des siècles la pensée chrétienne...et sans doute aussi remplit-il un rôle politique puisqu'il délivra le "fameux" sermon (des sermons en réalité) sur la chute de Rome qui fera donc date dans l'Histoire. Dès sa conversion au Christianisme en 386/87, vivant et étudiant à Rome et Milan, il comprit et expliqua la Bible comme un texte symbolique, saisissant sa lecture à double niveau. Pour faire court, en 410, Rome est envahie par les Goths menés par leur chef Alaric et cette invasion et cette défaite romaine marque la fin de l'Empire, c'est-à-dire la chute de Rome. Un monde païen s'oppose aux chrétiens. Revenu en terre africaine pour fuir les Barbares, Saint-Augustin va tenter dans ses prêches et ses écritures d'expliquer que Dieu est plus grand que l'écroulement de tout un monde, qu'il n'a jamais promis que tout ne s'écroulerait pas et que c'est simplement naturel, normal, Dieu n'est pas "responsable" de ces guerres, ces désatres et ces villes assiégées, Il ne promet que l'Eternel, pas ce qui se passe ici bas sur Terre..voilà un peu de ce que je crois avoir compris de sa pensée. Pour l'époque, il fallait oser...

 

  Revenons à notre "Goncourt". Dans ce roman, Jérôme Ferrari raconte l'histoire de plusieurs destins dans une même famille corse. Il commence le récit par la description d'une vieille photo noir et blanc de 1918, le cliché du photographe qui passe dans le village près de Sartène et qui réunit toute la famille dans la cour de l'école. Une autre époque. Toute la famille, non, finalement, puisqu'il prend le parti de parler de l'absent, Marcel, l'enfant qui va venir au monde et compléter la grande fratrie de la famille Antonetti. Des parents qui ne s'aiment pas assez " Marcel avait besoin de leur étreinte pour quitter les limbes au fond desquels il guettait depuis si longtemps, attendant de naître, et c'est pour répondre à son appel silencieux qu'ils ont rampé cette nuit-là l'un sur l'autre dans l'obscurité de la chambre", une santé fragile et Marcel grandit de "monde en monde", s'échappant du sien, la Corse et cette langue qu'il n'aime pas, essayant toute sa vie de créer son monde, de le vivre pleinement. Il partira en Afrique avec sa jeune femme, trop belle et stupide, jeune femme qui décédera en couches, le laissant seul avec son fils Jacques. Dans l'incapacité de l'élever, Marcel confie son fils à Jeanne-Marie, sa soeur, et un amour impossible se déclare entre Claudie, la fille de Jeanne-Marie et Jacques.

  Stop. J'ai l'impression d'en avoir trop dit déjà...alors qu'en fait, ce roman n'est pas la saga de la famille Antonetti. Cela ne semble pas l'intention de Ferrai. Trop simple.

 "Nous ne savons pas, en vérité, ce que sont les mondes, ni de quoi dépend leur existence. Quelque part dans l'univers est peut-être inscrite la loi mystérieuse qui préside à leur génèse, à leur croissance et à leur fin. Mais nous savons ceci: pour qu'un monde nouveau surgisse, il faut d'abord que meure un monde ancien."

  Deux générations plus tard, Mathieu, qui n'a connu la Corse qu'à travers des vacances chez son grand-père Marcel, stoppe ses études de philo; en compagnie de son ami Libero, un presque corse pur jus, il va reprendre un bar dans un petit village corse. Le village de son grand-père. Alors, le monde , un éternel recommencement?

   Mathieu et Libero vont tout donner dans cette belle entreprise, vivre une belle aventure humaine, servir les pastis et la charcuterie, refaire battre le coeur de ce petit village. Créer leur monde, eux aussi. Ce monde va-t-il perdurer...? Ou bien lui aussi chuter ?...

  Jérôme Ferrari fait vivre ces destins, ces mondes (il y a aussi le récit de la vie d'Aurélie, la soeur de Mathieu), tous les événements de ces vies qu'ils entrecroisent, entrecoupent en 5 chapitres dont les intitulés sont des extraits des sermons de Saint Augustin, faisant évoluer avec une  verve d'écriture ses personnages au gré d'une malédiction certaine. Le style est riche, les phrases sont longues et la concentration obligatoire pour profiter de l'écriture de Jérôme Ferrari. Mais on ne peut dire que c'est un livre difficile, compliqué à lire, ni trop porté sur la philo. C'est un livre une peu grave, différent, profond, atteint d'un certain penchant pour la comparaison, l'analyse, la réflexion, le tout placé dans un joli contexte romanesque.

  "Nous ne savons pas, en vérité, ce que sont les mondes. Mais nous pouvons guetter les signes de leur fin. Le déclenchement d'un obturateur dans la lumière de l'été, la main fine d'une jeune femme fatiguée, posée sur cele de son grand-père, ou la voile carrée d'un navire qui entre dans le port d'Hippone, portant avec lui depuis l'Italie, la nouvelle inconcevable que Rome est tombée".

 

  Quant à moi, la fermeture de ce livre ne clora pas mon "monde de la lecture" et de l'engouement pour Jérôme Ferrari car j' ai réellement aimé lire son livre.

 

 

 


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posté le 26-01-2013 à 09:08:55

Souvenez-vous de moi de Richard Price

         ♥

 

 

 

"Souvenez-vous de moi" se déroule à New York, dans le quartier multi-culturel du Lower East Side: miséreuses populations hispaniques ou noires, immigrés asiatiques, bobos blancs s'y cotoient et cohabitent. Mais parfois, les communautés se croisent.

Et c'est ce qui arrive à Eric Cash, 35 ans, chef de salle du restaurant Berkmann dans Eldridge Street. Alors qu'il rentre d'une tournée des bars avec un de ses collègues barman et une rencontre de circonstances ivre à l'excès, Eric et ses compères se font braquer par deux jeunes hommes armés. Le barman, Ike Marcus fait de la résistance quand on lui demande son portefeuille et...le coup part. Ike Marcus tombe et décède alors que les deux braqueurs prennent la fuite.

Vers l'Est?  Vers le sud, en direction de la cité Lemlich? Etaient-ils portoricains? Noirs? Quels signes distinctifs portaient-ils? Pourquoi Eric Cash n'a-t-il pas appelé les secours aussitôt?...

 Cash, qui a pris soin de ne pas regarder ses deux agresseurs pour éviter le conflit, ne se se souvient plus bien, l'alcool, la peur, la fatigue, tout est difficile dans sa tête et son témoignage est confus lorsqu'il auditionne au commissariat du 8ème district. Les inspecteurs Matty Clarke et Yolonda Bello ont du mal à retrouver le fil du déroulement de l'agression et quelques doutes quant aux déclarations de Cash, d'autant plus que d'autres témoins décrivent une version différente.

 

 Voici donc les éléments assez simples de cette intrigue policière qui manque peut-être un peu de fond, un peu de développement et de rebondissements. Effectivement, dès le départ, on connait la victime et l'assassin. L'auteur s'attache donc à décrire l'enquête menée par les deux inspecteurs Matti Clarke,-flic solitaire expérimenté et aguerri à la vie criminelle de New York, bon spécialiste des psychologies humaines et, Yolonda Bello, la femme-flic latino qui excelle lorsqu'il faut jouer sur la corse sensible pour recueillir des aveux ou des témoignages auprès des mamans éplorées ou des jeunes délinquants des minorités noires ou hispaniques. Le tandem fonctionne à merveille. On suit donc leurs investigations, leurs auditions tout en vivant pleinement la vie du commissariat du 8ème District, les patrouilles de nuit, les arrestations, , les difficultés du rapport à la hiérarchie.

 L'auteur retranscrit parfaitement l'ambiance américaine et new-yorkaise que l'on peut découvrir dans les séries TV ( FBI Portés disparus, NCIS...), la ville qui foisonne d'activités, la multiplicité des communautés, les enjeux de la drogue. La richesse de ce roman se traduit aussi par les différents points de vue donnés par les personnages qui entourent ce crime. Incessament, on passe dans ce roman par des petites scènes qui propose les différents ressentis du témoin et victime (Eric Cash), ceux du père de la victime (Bily Marcus), puis on se trouve plongé au coeur de la cité en compagne des jeunes désoeuvrés ou délinquants blacks ou hispaniques, le tout entrecoupé des avancées de l'enquête (qui n'avance pas...faute de preuves). C'est parfois assez déroutant et pas trop simple à suivre car il y a une multitude de personnages secondaires dans les différents contextes. Richard Price est un scénariste de renom et souvent on a l'impression de suivre un film, un épisode d'une série comme il en existe tant. L'auteur est un expert dans l'écriture des dialogues qui sont particulièrement réalistes.

Donc, au final, un bon policier, même si l'intrigue est un peu maigre, le tout offrant belle plongée dans New York et sans décalage horaire !

 

 

 

 


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posté le 12-01-2013 à 08:08:07

La terreur de vivre d'Urban Waite

                                

 

 

 

Je connaissais "la Fureur de vivre", film cultissime avec James dean, désormais, j'ajouterai à ma connaissance culturelle et au mot "vivre", un peu plus que la fureur, à savoir "la terreur". Brrr....Et avec un tel titre et une telle couverture,-si noire-, on sait qu'on s'engage sur la voie du thriller. Et dans le genre, alors que parfois on tombe sur des "météorites",-ce qui n'est pas le cas, on tombe malheureusement aussi parfois dans la voie de l'embouteillage, un livre de plus dans la circulation pléthorique du livre noir...

Sorti en 2010, "La terreur de vivre" n'a sans doute pas atteint les sommets et ne les atteindra jamais,et ce, malgré une lecture accrocheuse et prenante, car il n'y a pas beaucoup d'originalité, de surprise, de "quelque chose de plus" dans ce thriller. Dans le genre il y a quand même mieux.Tel est mon avis.

L'histoire se déroule dans l'extrême nord-Ouest des Etat-Unis, entre grands espaces et vie urbaine à Seattle. Et l'action commence dans les montagnes proches du Canada, dans une nature immense et majestueuse. Une nature que les hommes respectent et craignent, où l'on circule à cheval quand les routes s'arrêtent. L'un d'entre eux, Phil Hunt, un cinquantenaire ex-repris de justice, ayant déjà passé un bon laps de temps dans la prison de Monroe pour meurtre, doit récupérer un chargement de drogue livré par avion. Il est accompagné d'un jeune homme, tout juste sorti de Monroe lui aussi. Ils sont repérés par le shérif du coin, un dénommé Drake dont le père, qui était aussi shérif, croupit en prison, condamné pour avoir lui aussi trafiqué de la drogue.

Drake arrête le jeune complice de Hunt et le place en garde à vue. Pour éviter toute dénonciation, celui-ci est alors assassiné dans sa cellule. Phil Hunt l'apprend et comprend que toute l'organisation du réseau est à sa poursuite, la marchandise est perdue et beaucoup d'argent aussi. On va le faire payer...on veut le faire payer de sa vie. Le commanditaire de l'affaire est un obscur avocat dont on ne sait pas grand-chose mais qui va lancer aux trousses de Hunt un tueur à gages démoniaque appelé Grady, véritable boucher sanguinaire adepte de la découpe corporelle...

Et puis, pour corser l'affaire et apporter un peu de piment à l'histoire, les Vietnamiens s'y mettent. Il s'agit des acheteurs de la drogue qui n'ont rien vu venir. Pas question pour les Vietnamiens de se laisser avoir et, eux aussi chassent l'avocat qui chasse Hunt !!! Et avec eux, comme avec Grady, ça ne rigole pas.

Alors tout ce beau monde, du shérif jusqu'aux asiats se poursuit,se croise, se chasse, s'affronte, se tire dessus, se découpe, se plante, s'attache, se court après, se flingue, se torture et trépasse à l'occasion dans une gigantesque chasse à l'homme.

Qui va s'en sortir vivant? Comme une belle histoire américaine qui se respecte alors, y aura-t-il une belle "happy end"? Vous le saurez en lisant "La terreur de vivre". Mais ce n'est pas une obligation.

 

 

 


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