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"Le voyage en France" a obtenu le prix Médicis en 2001. D'habitude, j'ai plutôt tendance à aimer les lauréats et à me fier aux jurys ...mais là...il y a une erreur de casting!
J'ai eu beaucoup de mal à m'intéresser à ce roman, le lisant finalement jusqu'au bout, par petites bribes d'une vingtaine de pages, sans prendre de plaisir et me demandant si, au final, il y aurait une raison de l'apprécier. Et en analysant ou en tentant de faire un bilan post-lecture, je ne saurais trop dire pourquoi cela ne m'a pas plu. Peut-être une multitude de choses.
Ce roman est composée de deux histoires parallèles: d'une part, celle d'un journaliste quadragénaire parisien, cherchant un peu plus de gloire et de lecteurs qu'il n'en a, et qui, dans sa jeunesse, alors qu'il grandissait près du magnifique site portuaire du Havre et de cette belle ville reconstruite, rêvait de New York " Je reconnais la couleur verte de la mer, ce sable et ces galets où je marchais enfant quand les derniers paquebots partaient vers l'Amérique. Ma vie commençait, pleine de promesses et d'imprévu. Aujourd'hui je voudrais recommencer mon apprentissage: découvrir chaque jour comme un voyage qui peut bien me conduire n'importe où dans sa dérive, pourvu que je respire à nouveau l'air du large." ... Par ailleurs, celle de David, un jeune américain qui a grandi à East Village et qui est très épris de la culture française (Monet, le Paris de la Belle Epoque...) et qui n'a qu'un rêve: découvrir la France, enfin surtout Paris. Il est très lié également à notre pays puisqu'il est le fruit de l'union d'un soir entre un papa inconnu et français et sa maman, Rosemary, ex-militante américaine de la libération sexuelle.
Le voyage de l'un commence où s'arrête les rêves de l'autre puisque justement David arrive par bateau au Havre. Fasciné par le tableau de Monet qu'il a vu au Metropolitan de New York, - "Jardin à Sainte-Adresse"-, il recherche le panorama peint par le célèbre impressionniste. Le jeune américain découvre la France, une France qu'il n'imaginait pas, errant alors dans une cité de banlieue suite à une méprise: le nom du tableau est devenu le nom d'un arrêt de bus. Bon. Finalement arrivé sur le lieu où fut peint le tableau, David rencontre un jeune peintre qui joue à être Claude Monet, peignant sur les bords du rivage. L'homme est une pâle copie de Monet qui revisiterait l'oeuvre du maître et qui là, réactualiserait le tableau en en présentant une version noire sur fond noir. Bon. Cela ne plait qu'à moitié à notre David. Voici ce qu'il pense de sa première journée à Paris: " Il récapitulait le déroulement de cette journée bizarre, dans ce pays tout vibrant de culture où il n'avait rien vu de vraiment beau, à l'exception des nuages sur la mer et des souvenirs qui guidaient ses pas."
Pendant ce temps-là, l'autre personnage principal apparait comme un quadragénaire parisien, post-ado sans réelle consistance, pris en charge par une Estelle qui s'amourache de lui. L'auteur décrit sa jeunesse havraise (celle de l'auteur, sans doute...)" A quinze ans, je regardais la jetée et la mer comme l'horizon toujours ouvert où retentissait la sirène d'un paquebot , revenant de New York pour la dernière fois". On comprend le lien alors entre les deux personnages, l'idée directrice du livre, sa justification. Mais bon.
David fait la connaissance de personnages atypiques -une artiste mégalo qui déclame des poèmes à toute heure, devient la proie amoureuse d'un religieux gay et constate le changement entre la France qu'il imaginait et la France d'aujourd'hui. Puis, après la découverte du Paris moderne et la déconvenue de ne plus retrouver une France au charme d'antan, David va rencontrer le narrateur (l'auteur) errant lui aussi dans ses amours et dans Paris, s'exilant par ailleurs parfois du côté du Havre. Voici l'essentiel du roman, on y décrit un peu la France d'aujourd'hui, une sorte de perte d'identité culturelle.
Les scènes manquent alors de vraisemblance (cf; au chapitre 10, la rencontre des deux pêcheurs alias le Général de Gaulle et Adolf Hitler, je n'ai pas tout compris..!!!)....et souffrent d'un excès de parisianisme. Les deux hommes vont apprendre à s'apprécier: " David parle avec ferveur des années 1900. cette nostalgie m'agacerait vite chez un Français.(...) l'illusion passe mieux dans ce regard étranger, parcourant le pays qu'il aime dans un rêve éveillé." Et alors que "Le voyage en France" est presque terminé, l'auteur déclare: " - Moi aussi, j'aurais besoin de m'éloigner. - Viens là-bas quelques jours, répondit David. C'est à moi de t'emmener en voyage."
C'est la fin du livre, le retour vers "The Big Apple" pour David, et il faut avouer que le dernier chapitre est réussi. On sent un réel engouement, de jolies phrases sont écrites pour parler de New York. L'auteur, alors qu'il passe de l'autre côté de l'Atlantique, s'améliore.
Je cherchais à savoir ce qu'était ce livre...C'est finalement la 4ème de couverture qui l'explique le mieux sans l'expliquer. "Conte, récit de voyage, autobiographie et fiction s'agencent dans ce crescendo romanesque qui glisse parfois dans l'hyperréaliseme au fantasmatique loufoque." Je confirme, difficile de s'y retrouver..