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J'ai toujours apprécié les romans policiers exotiques de Caryl Férey qui combinent les intrigues politiques et le contexte politique des pays où se situent l'action: l'Afrique du Sud avec Zulu, l'Argentine avec Mapuche.... Caryl Férey est un grand voyageur et cette fois c'est au fin fond de la Sibérie qu'il entraine son lecteur.
Avec Norilsk, l'auteur n'a pas écrit un policier bien qu'il en détaille le synopsis à la fin du livre. Norilsk est un récit de voyage mettant en lumière l'action de l'homme sur une des régions les plus désertiques du monde et assurément la plus froide et sûrement la plus polluée.
Alors, qu'est-ce qui pousse Caryl Férey à partir dans cette région du monde où il n'y a rien ? Une sorte de challenge, animé d'une certaine curiosité, celle du voyageur, l'envie de découvrir en deux semaines ce bout de terre situé en Sibérie, à trois cents kilomètres au nord du cercle polaire. Il faut avouer que passer deux semaines dans la plus grosse cité minière du monde avec un froid pouvant aller jusqu'à - 60°c...c'est excitant! Et pour l'accompagner dans cette "mission", Caryl convainc son ami appelé "La Bête", une sorte de pied nickelé, un grand escogriffe borgne qui, par ses péripéties va égayer le récit.
Rallier la Russie et plus encore la Sibérie n'est pas une mince affaire...car sans autorisation du FSB (ancien KGB), impossible de se rendre à Norilsk, elle est interdite aux touristes étrangers ou même russes. Cette ville est un ancien goulag alors...forcément, les Russes n'aiment pas trop les visiteurs étrangers. et puis, et puis, il y a les activités industrielles! Norilsk regorge de minerais et est le plus grand site mondial de'extraction de nickel. Pas simple d'entrer un monde de culture totalitariste où la statue de Lénine est encore bien présente, témoin d'une Histoire révolue.
Mais, une fois arrivés, c'est pour plus simple pour les deux deux voyageurs: chaque pays a ses codes et, comme il ne faut pas éborgner l'image ancrée à celle des soviétiques: Caryl férey nous parle des propensons stratosphériques des russes pour la boisson. Que peut-on faire à Norilsk sinon boire? En tout cas, une belle façon de sympathiser pour nos deux larrons en foire qui n'hésitent pas à croiser le verre de vodka avec les ouvriers, les mineurs, s'inscrivant presque dans la tradition russe du "zapoï". Cette tradition qui semble encore bien ancrée dans les campagnes russes et qui consiste à se saouler pendant plusieurs jours de suite...Ils n'iront toutefois pas jusque-là. Mais cela leur permet d'être au plus près de la population locale ouvrière travaillant dans les mines. Les deux Français sont accueillis avec surprise mais beaucoup de chaleur (!), normal dans cette glaciale contrée. "Norilsk me rappelait Roubaix, une ville à qui l'on a cassé la gueule et qui couvait des trèsors d'humanité." nous dit Caryl férey.
Mais boire n'est pas la seule occupation, les deux amis, acompagnés d'une charmante hotesse appelée Bambi vont découvrir la ville-usine où autrefois 500 000 prisonniers furrent contraints d'extraire le nickel, le cuivre, le charbon...Alors le paysage est plutôt mortifère avec ses usines désaffectées ou pas, ses pylônes, ses poteaux, ses champs de pipe-line ou autres carcasses métalliques laissées à l'abandon au bas de terrils fumants. Quel spectacle ! Quelle désolation. Mais cela existe bien sur notre planète...quelque part, dans l'Est.
De ce voyage extraordinaire, "Inoubliable" d'après l'auteur, le voyageur rapportera quelques cailloux, de splendides photos (la jaquete est superbe) et le souvenir de belles rencontres humaines.
A lire pour ceux qui aiment l'Est, le récit d'un voyage atypique dans un monde inconnu du grand public
Commentaires
J ai été a une conférence sur la vie de Carol ferey mais pas encore lu ses romans il faudra que je teste
Bon wk