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Titre du blog : Le pivot d'Héricy
Auteur : laugo2
Date de création : 12-04-2009
 
posté le 25-03-2017 à 05:48:37

Un petit boulot de Iain Levison

  

 

  

Roman sorti en 2002, « Un petit boulot »a subi un joli lifting : format agréable en main, couverture rouge avec un bandeau publicitaire faisant référence au film du même nom,  dédicace de l’auteur en fin de livre, je l’ai trouvé placé astucieusement sur mon chemin dans une librairie, installé sur un présentoir. Et je ne l’ai pas regretté. Aux abords de Noël,  ça fait un joli produit, très attirant et pas excessif.  « Un petit boulot » est un beau petit cadeau.  (Julien, Nicolas et Patrick…vous me direz à l’occasion si vous avez aimé…).

 

  N’ayant pas vu le film sorti en 2015, je n’étais pas lié aux images, aucun lieu ni aucun acteur (Michel Blanc, Romain Duris) en tête et donc bien plus proche dans mon imaginaire du titre original « Since the layoffs » à traduire littéralement « depuis les licenciements ».  On est aux USA , dans le Middle West, une ville durement touchée par le chômage depuis la fermeture de l’usine qui employait la plupart de ses habitants. Jake Skowran a lui aussi perdu son emploi et se retrouve désoeuvré,  passant son temps à faire des paris sportifs. Par ailleurs, il n’a pas seulement perdu son job, il n’a plus de compagne, celle-ci l’ayant laissé pour vivre des jours meilleurs ailleurs. Heureusement, dans une vie qui part à vau l’eau, deux faits majeurs concomitants du livre vont venir chahuter la vie de Jake.

  Tout d’abord, pour couvrir ses dettes, un mafieux local nommé Gardocki, va lui proposer un job plutôt hors norme : tuer sa femme, Corinne Gardocki, une ancienne  strip teaseuse, et devenir donc un tueur à gages. Jake se voit obligé d’accepter pour effacer ses dettes, d’autant plus qu’en nous livrant son état d’esprit, on sent bien qu’il n’a plus rien à perdre : « De fait, je n’ai plus de morale. Ma vie a été enlevée par un coup du destin, un caprice de l’économie, un trait de plume dans un bureau de New York. Ma ville est détruite, ma copine est partie, mes amis et moi sommes fauchés en permanence. Des types nous ont tués, moi et ma ville, et je suis sûr que ça ne les empêche pas de dormir. Pourquoi je devrais m’arracher les cheveux à cause de Corinne Gardocki ? ».

  Au même moment, Jake se voit proposer par son cousin un nouvel emploi -un vrai celui-ci, et forcément sous-payé dans une station-service. Cette station, appartenant à une grande société et sans doute pas assez rentable, est menacée de fermeture. Chômeur de longue durée, Jake va-t-il réussir à concilier ses deux nouvelles opportunités ?

  Ce court roman franchement drolatique nous raconte les aventures de Jake, anti-héros et novice tueur à gages. Campé en plein marasme économique et industriel, le livre est une véritable peinture d’une société américaine en déclin avec tout son flot de chômage et de désespoir urbain.  « Je me rappelle que nous sommes vendredi après-midi, un jour de travail.[…]. Pour ces gens-là, ne pas travailler est devenu un mode de vie. Certains pourraient peut-être faire un travail de nuit, de gardiennage ou de service d’étage dans des hôtels chics qui s’ouvrent sur la plage, mais c’est fini pour eux. Ils ne possèderont ni ne construiront jamais rien et ne quitteront pas la rue. Personne ne leur donne plus la peine de leur mentir en leur disant qu’il y a un pays qui se soucie d’eux… ».

 

Finalement, un livre très social,  très actuel, malheureusement on pourrait dire qu’il n’a pas pris une ride, et, vu la personnalité de Jake ponctué de beaucoup d’humour, c’est un peu comme si au pays de Trump…Jean-Louis Mélenchon l’avait écrit… !