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Titre du blog : Le pivot d'Héricy
Auteur : laugo2
Date de création : 12-04-2009
 
posté le 23-02-2016 à 21:44:35

Flaubert à la Motte-Picquet de Laure Murat

 

  Un livre offert (...merci !) qui a surtout le mérite d'être court. C'est dommage d'écrire cette première phrase péremptoire qui casse un peu ce minuscule opuscule car son sujet était très prometteur. Mais je l'ai trouvé vraiment mal traité (maltraité?) ...et pourtant son auteure est professeur d'université. 

  Laure Murat propose de nous faire découvrir ses pérégrinations dans les métros de Paris, (principalement) Los Angeles et New York (rapidement) en répertoriant les livres lus par les passagers.  Elle nous confie d'ailleurs dans le chapître 1 qu'elle a piqué l'idée en regardant par-dessus l'épaule d'un voyageur du métro qui notait dans un carnet les titres des livres de ses voisins de banquettes.

Le bandeau de la jaquette dit pour nous allécher "Qui lit quoi dans le métro? Je m'attarde sur les quais, je rôde dans les couloirs avec des yeux de mouche...". Et bien Laure Murat aurait bien fait de flâner un peu plus...de s'attarder un peu plus sur les quais et tout simplement de prendre plus souvent le métro !!!

  Cela lui aurait permis d'être plus concentrée sur son sujet et de moins  discourir dans tous les sens et parfois carrément hors contexte ! Son propos est aussi tellement critique, aigri et râleur...Tout y passe: la littérature Harlequin (Madame Murat nous fait savoir qu'elle consulte Wikipédia pour savoir qui est Nora Roberts, sans doute est-elle tellement au-dessus de ce genre littéraire...?), la bibliothèque nationale de France est qualifiée d'immonde; notre auteure règle ensuite ses comptes avec les écrivains Eric-Emmanuel Schmidt à qui elle donne des conseils de scenario et à David Foenkinos à qui elle consacre un chapitre entier pour le vilipender pour son comportement lors du salon du livre (!); pire, au chapitre 17, elle prend même un lecteur de Foenkinos à témoins pour le dézinguer...; la SNCF en prend aussi pour son grade lorsqu'elle compare la durée de son trajet de Montmartre à Blois à un vol pour New York. Affligeant.

  Il y a aussi ses prises de position, ses points de vue qui n'engagent qu'elle (l'intérêt pour les tablettes, la fin annoncée de la télévision...?) Et aussi un manque de poésie, de simplicité évident dans l'écriture. Un chapitre est lamentable c'est le 7ème qui commence par ces mots "J'avais besoin d'un titre." Deux pages (heureusement les chapitres sont courts...) à accoler de grands écrivains français à des stations de métro  (Rimbaud à Bir-Hakeim, Aragon à Stalingrad...).

  J'ai aussi beaucoup détesté le chapitre12 où Laure Murat rapproche ses relevés (elle a comptabilisé 172 livres dans le métro) d'une étude IPSOS faite quelques mois plus tard et qui analyse le lectorat français. Des statistiques donc...mais quel est l'intérêt?

  Le chapitre 15 aborde le "reading"...où elle nous explique vaguement ce que peut être la "distant reading" et la "close reading"...très didactique, certes. Mais peu intéressant, le lecteur n'est pas sur les bancs de l'université de Californie.

  Bon j'arrête, j'essaie de positiver. J'ai bien aimé ces mots page 49 quand l'auteure revient à Paris mais ne s'y sent plus très bien. " Paris est devenu un décor, trop intime pour être surprenant, trop distant pour être familier. Je n'ai ni la mélancolie de l'autochtone, ni le frisson de l'autochtone. Me voilà à la pliure de la page, zone franche."

  A mon sens, il y avait vraiment vraiment mieux à faire avec ce thème, il aurait fallu vraiment se pencher derrière, au-dessus des épaules de lecteurs. J'aurais tant aimé voir de l'humanité derrière ces livres lus dans le métro, lire des lignes qui imaginent des vies associées à des lectures. Et même si Laure Murat s'en rend compte page 58 " Il faudra que je fasse plus attention aux lectrices et aux lecteurs". C'est alors trop tard pour un bien triste aveu.

 

Commentaires

christineb le 20-03-2016 à 21:34:46
Je me souviens d'une époque où dans le métro parisien, beaucoup lisait un livre, souvent un livre de gare, mais aussi les Éditions de Minuit ou Gallimard. C'est vrai qu'avec les smartphones ou les tablettes on ne sait plus qui lit quoi. Est-ce moins bien ou pareil? Je n'en sait rien. Merci pour vos articles, toujours intéressants.