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Titre du blog : Le pivot d'Héricy
Auteur : laugo2
Date de création : 12-04-2009
 
posté le 15-02-2014 à 06:21:00

La théorie du panda de Pascal Garnier

    

 

 

  Les éditions Zulma que je re-fréquente...

" A l'instar de ces fleurs en papier japonais, la ville s'épanouit dans l'élément aqueux. Elle brille, développe des contours improbables, se diffuse comme une tâche d'encre sur un buvard.

Pour le panda, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. il est aussi heureux de voir les deux hommes rentrer qu'il était en les voyant partir. Son truc c'est de garder les bras ouverts. Il ne tient ni ne retient. Il est à prendre ou à laisser, c'est égal."

  Cette histoire se passe en Bretagne, on ne sait où exactement plutôt dans l'Arcoat que dans l'Armor, comprenons nous bien si nous ne maitrisons pas parfaitement le breton, dans les terres plutôt que près des côtes. Voici comment Pascal Garnier décrit la ville avec finesse: " Il pleut depuis tôt ce matin, une pluie fine qui s'harmonise parfaitement à la ville, qui lui donne une parfaite élégance, un vernis de respectabilité. "

  Gabriel, notre héros, est un voyageur solitaire qui y arrive par le train. Logé dans une chambre d'hôtel, il sympathise rapidement avec la réceptionniste Madeleine, -" Sans être très belle, elle n'est pas laide. Disons qu'elle hésite entre les deux. Mais elle est franchement brune."- et un cafetier appelé José qui a sa femme à l'hôpital. Dans cette petite ville, dans ces petites vies, chacun offre son quotidien en forme de désillusion, de routine et de simplicité. Plus tard dans le roman, Gabriel rencontre un jeune couple en errance et tout ce beau s'acoquine autour d'une histoire sans relief mais racontée non sans charme.

  Et ce panda, cette peluche alors? Gabriel, qui est une fine gâchette, la gagne dans une fête foraine installée dans la ville. Avec sa carabine, " les 5 ballons multicolores agités par le ventilateur éclatent un à un.(...) Gabriel a un mouvement de recul devant cette chose noire et blanche qui lui tend les bras en souriant.(...) Ce n'est pas que c'est lourd mais terriblement encombrant. On ne sait pas comment le prendre ce panda, par une oreile? par une patte? à bras-le-corps? (...) La peluche n'en a cure, elle considère le monde et la faune qui l'habite d'un même sourire béat qu'on lui mette la tête en bas ou non ." Du coup, Gabriel offre le panda à José et il trône dans son café le Faro.

 Gabriel et José deviennent de vrais amis et c'est ainsi durant tout le roman, ce voyageur de passage dans la cité bretonne entre dans la vie des personnes qu'il rencontre et pour aucun, rien n'est facile ou simple. Lui, il s'intéresse aux autres, à leur vie et leur malheur, toujours prêt à leur faire des petits plats. Cela ne fait pas dans la gaieté, le climat breton rejaillit sur l'ambiance du livre. D'autant plus que le récit est entrecoupé des pans de la vie passée de Gabriel, et, en avançant dans la lecture, on comprend fort bien qu'il y eut un traumatisme qui a poussé Gabriel dans cette forme d'errance bretonne.

  J'ai aimé ce roman surtout pour le style de Pascal Garnier, tout en finesse, sa façon de créer une atmosphère très douce et réelle à la fois; dans la façon de raconter les gens simples et de tisser des liens entre les personnages. Un côté provincial charmant, des dialogues très vrais font passer un bon moment avec ce roman. Une belle écriture et la découverte d'un auteur.

 

Commentaires

christineb le 15-02-2014 à 21:47:35
C'est amusant, je viens de poster un article sur un livre paru aussi aux éditions Zulma... Vous parlez de simplicité de l'écriture, cela me tente bien. Bon dimanche.