Encore un récit bien dans la veine des éditions de Minuit. Seulement une centaine de pages, de courts chapitres, des dialogues seulement dans un style indirect, très peu de personnages et une localisation imprécise. Le narrateur est lui aussi un personnage de l'histoire qui n'est pas mis en scène réellement. Il raconte l'histoire sans être présent comme si on lui avait raconté quelques temps après.
Cela se passe en province, là où le mot notaire n'est pas éloigné du mot "notable". Sans doute une petite ville dans la campagne française profonde : il y a un café sur la place principale -le Jolly Café- qui rassemble les jeunes, un collège et un lycée professionnel ; les vieux, eux, ont leur maison de retraite. On imagine des pavillons un peu vieillots, des jardins, une atmosphère désuète, une vie tranquille ou ralentie, il y a sans doute des bois car on y chasse, aussi une rivière non loin avec une centrale hydro-électrique. Près du cours d'eau, c'est paisible, on peut lire sur la rive en se faisant bronzer.
C'est d'ailleurs ce que fait Clemence, la fille de Mme Rebernak. Et c'est aussi ce qui agace Mme Rebernak. Depuis que Freddy le cousin est sorti de prison et est venu reprendre contact avec sa ville et sa famille, Mme Rebernak ne craint plus qu'une chose: que cet homme au sulfureux et glauque passé ne s'en prenne à sa fille. Alors, perchée sur sa mobylette, elle surveille sa fille non-stop dans la petite ville. D'autant plus que se prépare la fête d'anniversaire de Paul, le petit ami de Clémence et également fils du bienveillant notaire Maître Montussaint.
Et à force de redouter quelque chose, il se trouve que cela arrive. Je ne vais pas en dire plus mais...tous ces hommes autour de Clémence. Forcément.
Une intrigue vraiment simple avec un dénouement accrocheur. Bien sûr, le choix du récit avec le narrateur extérieur fait qu'il y a une froideur et une distance par rapport à l'histoire. En même temps cela confère une sensation de drame, il se dégage une pression, comme quelque chose d'inéluctable qu'on sent venir. Notamment grâce au personnage de Mme Rebernak, veuve laborieuse dépendante qui est particulièrement bien campé et qui nous guide vers la catastrophe.
C'est bien mené, j'ai bien accroché à cette grande nouvelle ou ce petit livre (au choix) qui se lit d'une traite (ou deux).
Commentaires
Je ne connais pas du tout, je vais essayer de trouver ce roman.