Publié en 1996, Dade City est le premier roman de Laurent Sagalovitsch. Une réédition au format de poche chez Babel en février 2013 l'a fait sortir des oubliettes et l'a remis sur l'avant-scène.
Dade City est le court récit d'un meurtre décrypté, raconté et vécu par les différents personnages de l'histoire. Il est mis en scène sur deux jours - les 1er et 2 septembre mais l'on ne sait de quelle année...-, et dans une petite ville imaginaire de province appelée Dade City (Dade...comme daddy..of course! -...qu'on pourrait donc imaginer au Canada ou dans un lieu reculé des USA. Où et quand, quand et où? Par conséquent on s'en moque mais cette histoire possède des personnages et c'est à eux qu'il faut s'intéresser.
Dade City va être le lieu de rencontre de Sarah Kaufman -honneur aux dames, et de Gary Manckiewicz. Sarah est mariée et semble-t-il, mal mariée au redoutable Jacob Kaufman, médecin et notable de la ville qui mène une existence particulièrement rigoureuse. Pour oublier cette vie sans goût, elle a tendance à se perdre avec des fêtards du lieu, dansant et s'énivrant à qui mieux-mieux. Gary, lui, vient d'intégrer le lycée pour dispenser des cours de Français et ...reprendre en main l'équipe de football locale pour lui redonner du blason. Equipe dans laquelle joue Nathan, le fils de 13 ans de Sarah et Jacob.
Alors? Qui va mourir? Qui va tuer? A vous de le découvrir en écoutant le récit de chaque protagoniste, en lisant ce court roman -ça se lit presque d'une traite,- qui pose les jalons du style "Sagalovitsch" et de ses thématiques récurrentes, notamment son questionnement par rapport à Dieu et à la religion juive. Pour le style, on sent venir dans "Dade City" ce qui est si plaisant et remarquable dans la trilogie: "Loin de quoi?", " La métaphysique du hors-jeu" et " Un juif en cavale"): la verve. A mon humble avis, cette histoire passionnelle est moins aboutie car moins personnelle et Laurent Sagalovitsch a besoin "d'y mettre du sien pour être très bon...On le sent un peu s'appliquer à écrire un livre" et il y a moins de naturel dans son écriture. L'atmosphère générale du livre est un peu pesante, bien énigmatique voire presque froide; il n'y a aucun dialoque, chaque personnage campe ses positions raconte son histoire... Il y a un excès de sérieux dans l'écriture ( mais vu le thème, c'est bien normal), excès de sérieux inhabituel qu'on retrouvera mieux contrebalancé dans la suite de l'oeuvre de l'auteur grâce à une verve bien plus fournie et un humour à couper au couteau. (euh...ça va comme métaphore, ça?).
Dade City...pas mal, mais M. Laurent Sagalovitsch a fait largement mieux !
Commentaires
Voilà un moment que vous n'avez pas posté d'article: dommage. Bonne semaine.