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Titre du blog : Le pivot d'Héricy
Auteur : laugo2
Date de création : 12-04-2009
 
posté le 19-07-2013 à 10:02:02

Green River de Tim Willocks

 

 

 

 

  L'histoire se déroule au Texas dans le vieux pénitencier de Green River, énorme geôle d'autrefois où sont enfermés la crème des pires tueurs, violeurs, psychopathes et cinglés de toute l'Amérique. Un lieu conçu pour que l'homme n'y soit jamais tranquille, presque jamais seul, comme si le fait d'être en permanence observé devait le mener à la bonne conduite et à la rédemption. D'où une conception particulière avec la tour centrale de contrôle "panoptique" (concept permettant une vision de tous les détenus sans que eux-mêmes sachent s'ils sont observés ou non) et cette énorme verrière couvrant les 4 bâtiments.

 

  La paix fragile qui y règne est dû à une composition ethnique des groupes de prisonniers: le bloc A est composé de Blancs et de Latinos, le C de Noirs et de Latinos...quant au bloc B qui est appelé "la vallée des coureurs de fond", il est fortement opposé au bloc D où vit la pire racaille d'hommes blancs. Chaque groupe a ses règles, règne en maître sur son domaine, chaque tribu organise ses trafics et a son chef et sa hiérarchie d'hommes de main: Reuben Wilson pour les Noirs, Nev Agry pour les Blancs, chaque ethnie vouant une haine terrible pour l'autre.

  Forcément, cet état de cohabitation sans heurts entre les groupes ethniques Blancs et Noirs ne va pas durer. L'auteur au début du roman présente les différents protagonistes qui vont se livrer une guerre sans pitié durant tout le livre. Les personnages sont décrits avec justesse et dureté, de terrifiants et magnifiques portraits et ils n'oublient pas de camper le chef de la prison John Campbell Hobbes -sûrement aussi détraqué que ses détenus-, le capitaine Cletus et certains autres prisonniers dont le dénommé Ray Klein, homme sensible et libérable, docteur officieux de la prison qui bénéficie d'un traitement particulier pour ses bons et loyaux services à l'infirmerie. Une femme? Oui, il y en a une, elle vient de l'extérieur et s'appelle Juliette Devlin, psychiatre judiciaire.

  Inutile de donner la raison exacte, le déclencheur qui va lancer l'énorme émeute dans la prison...mais c'est la lutte pour un la possession d'un être, le désir et l'amour qui en est le moteur. Ce qui est certain c'est qu'ensuite, le roman s'installe dans une violence terrible entre les camps déchaînés l'un contre l'autre. Tim Willocks s'en donne à coeur joie! Que de membres arrachés, d'innombrables scènes de bagarre, de tuerie!

  Ce roman, une fois le contexte posé et les personnages présentés, n'est qu'un long règlement de comptes à huis clos (2800 détenus quand même...) entre Blacks et Blancs; une chasse à l'homme, une course-poursuite dans les bâtiments, couloirs et cellules du gigantesque pénitencier...et c'est tellement répétitif que c'en est lassant.

  Pour le style, il faut reconnaître que Tim Willocks propose de belles envolées, un lyrisme certain quand il faut traiter du bien et du mal, quand la condition de l'homme est abordée. Ou bien encore lorsqu'il y a certaines scènes de combats, de violences entre les hommes, c'est très bien mené, l'emploi d'un vocabulaire de "charretier" par les personnages n'y est pas pour rien et rend bien l'ambiance carcérale où les hommes tels des bêtes sauvages n'ont plus rien à perdre ou à gagner.

  Au final, du bon et du moins bon, après une bonne première partie, je me suis un peu ennuyé, lassé d'attendre un dénouement qu'on sait uniquement arriver au terme d'une avalanche de violences extrêmes.

 

A noter: ce livre est paru en 1995 sous le titre "L'odeur de la haine". C'est le premier roman de Tim Willocks que Sonatine a sorti des tiroirs de l'oubli, profitant du succès de" La religion".