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Cela faisait plusieurs dizaines d'années que je n'avais pas lu Le Poulpe, je crois d'ailleurs qu'à l'époque (ah! la jeunesse...), j'avais lu le premier opus "La petite écuyère a cafté" car je piochais mes lectures dans la Série Noire; j'aimais bien les auteurs français de polar :Jean-Bernard Pouy, les disparus Thierry Jonquet et Jean-Claude Izzo.
L'idée de construire une série par différents auteurs avec toujours un personnage central atypique et des caractères récurrents obligatoires est vraiment original. Une sorte d'exercices de style à la Queneau, mais en polar. Et aujourd'hui plus de 200 livres du Poulpe ont été écrits par plusieurs dizaines d'écrivains confirmés ou non. ( et du coup, la qualité est très inégale.)
Que doit-on trouver obligatoirement dans une aventure "poulpeuse" ? Précisons que notre animal est, comme l'indique les éditions Baleine en 4ème de couverture, "un personnage libre, curieux, contemporain qui aura 40 ans en l'an 2000 (...) qui va fouiller à son propre compte dans les failles et les désordres apparents du quotidien". Du coup, cela laisse un champ de manoeuvres énorme à ceux qui se lancent dans le récit d'une aventure du Poulpe. Voici les contraintes d'écriture:
Dans le chapitre 1, on découvre donc la victime, un certain Eric Winkmann, trader de son état et qui va disparaître rapidement de l'histoire. Et c'est bien au "Pied de porc", dans le chapitre 2 que le Poulpe va nous présenter l'affaire en cause en lisant son journal au comptoir. En réalité une double affaire, un vrai fait divers, car, outre l'assassinat du susnommé trader, il se trouve que l'on prend connaissance de la faillite de la banque suisse Redoux, "institution genevoise aussi mystérieuse que son fondateur" et qu'un peu plus loin, dans la lecture du journal, Le Poulpe découvre cet article:
ORPHELINS A LA RUE : HYGIENE OU SPECULATION ?
Cela se passe dans le Vaucluse, au Plan-des-Magnades dans le Lubéron, et c'est là que Le Poulpe va se rendre pour comprendre ce qui motive le maire Jean-Pierre Engelhardt à procéder à l'expulsion de l'association Don Bosco et au relogement de cette cinquantaine d'enfants orphelins.
Le Poulpe croit donc partir en vacances dans le sud, profiter des terrasses provençales et déguster ses nombreuses bières ...mais rapidement les faits vont lui montrer qu'elles ne vont pas être de tout repos( les vacances... pas les bières !): violences, course-poursuite en 4x4, découverte d'atrocités, explosions à la dynamite, crime etc...Une sombre histoire de nazis nostalgiques du Troisième Reich voulant s'établir au milieu de la lavande et des oliviers...pittoresque non?
Bon, j'ai trouvé cette histoire un peu...tirée par les cheveux, un peu rafistolée, pas évident de trouver en 200 pages une crédibilité et un lien entre le monde de la finance, cette histoire d'enfants orphelins et les adorateurs d'Hitler !!! Tout est un peu survolé, les scènes descriptives sont approximatives ou mal rendues, les détails concernant le monde de la finance et ses mécanismes par contre trop précis à mon sens. Et puis, dernière critique..ça a un peu vieilli...une impression de lire un San Antoni des années 60.exemple: pour faire uen recherche sur un personnage, le Poulpe se rend à la bibliothèque du XIXème arrondissement. C'est vrai qu'en 1999 (date de parution du livre), Internet balbutiaient et surtout Wikipédia n'existaient pas...
Quant au personnage du Poulpe, il est bien sympa, il tombe même amoureux, héros toujours en action et avec lui, ça cartonne dans la binouse et c'est le festival des bières : l'auteur s'est amusé à le faire boire (j'ai recensé!) pas moins de 10 bières différentes, et ça va de la Heineken à la Leffe en passant par la Hoegaarden, la Kro, et des bières moins connues comme la Thomas Hardy ou la Berliner Kindl...!
Quid de la référence littéraire? Et bien, si l'histoire est plutôt orientée au sud en se situant en Provence et si l'est est à l'honneur avec des représentants germains, c'est à Shakespeare et au Roi Lear d'être la référence du roman.
Pour conclure, disons que c'est un polar qui n'est pas exceptionnel mais qui a l'avantage d'être vite lu. C'est très "franchouillard" et c'est sans doute la marque de la série du Poulpe. Maintenant, on peut réellement penser qu'il doit y avoir des épisodes plus réussis que celui-ci.