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Titre du blog : Le pivot d'Héricy
Auteur : laugo2
Date de création : 12-04-2009
 
posté le 31-10-2012 à 06:30:20

Karoo de Steve Tesich

 

         

 

 

 

 

 Franchement assez déçu par ce succès de librairie.

Comme quoi il faut toujours se méfier des best sellers voire ce qu'on appelle maintenant les long-sellers (on n'arrête pas le progrès.), même s'ils sont recommandés par des personnes estimées...(Nicolas Domorand, le magazine Lire...). 600 pages d'une écriture et d'un récit qui tournent en rond, une fin qu'on annonce vertigineuse mais qui m'a laissé sans plaisir, sans émotion...je me suis franchement ennuyé à la lecture de ce roman. Tellement introspectif et si peu drôle, je pense que la critique s'est emballé un peu rapidement en comparant l'auteur aux plus grands romanciers américains. (Roth et Easton Ellis, Richard Russo et Saul Bellow...c'est précisé en 4ème de couverture).

Pourtant, tout commençait bien puisque ce livre est très beau, un « packaging » très réussi avec une couverture magnifiquement imprimée, et même sur la tranche; en fait la couverture est comme sertie, gravée et cela donne un toucher très agréable. Beau produit, véritablement.

Ce roman, qui n'a pas connu le succès, qui n'a pas été reconnu aux States, est présenté comme une petite perle ( on n'hésite pas à qualifier ce livre de « pur joyau »...bon..) par une toute neuve maison d'édition « MonsieurToussaintLouverture ».

C'est l'histoire dérivante de Saul Karoo, un quinquagénaire new-yorkais plein aux as qui re-travaille les scénarios, réécrit les histoires pour le cinéma hollywoodien: c'est un script-doctor (ce qu'était Steve Teesich dans la vraie vie). Lassé de tout, il n'a plus le goût pour rien, est insensible à l'alcool et entretient peu de rapports avec le monde extérieur, il n'a plus qu'un ami, n'a plus de couverture sociale (et aux USA, on sait que c'est important!) et évite tout contact avec son propre fils Billy, fils adoptif qu'il a élevé avec son ex-femme Diana, superbe créature blonde. Karoo est un ermite, il n'aime personne et vit sa vie comme un observateur de sa vie, c'est un peu comme s'il était « deux », je veux dire, le narrateur interne qui se place à l'extérieur de lui-même pour raconter. Cela entraine bien sûr une lecture très analytique, toujours questionnante. D'habitude, j'aime ce genre d'écriture, de positionnement, mais là...c'est trop. Et si peu drôle...sa noirceur ne m'a pas touché.

Karoo qui a l'habitude de travailler pour un producteur appelé Crommwell, personnage symbolisant la médiocrité et le cynisme du business, se voit confier la réécriture d'un film qui lui apparaît comme étant un véritable chef-d'oeuvre; c'est l'oeuvre posthume ou presque d'une légende du cinéma américain. Karoo en est malade, mais il va démonter ce film pour son mentor, en faire une oeuvre commerciale qui va l'entrainer à sa perte (humaie, pas financière) En visionnant le film, et là, j'ai trouvé cela vraiment abracadantesque, il reconnaît la mère biologique de son fils avec qui il avait eu une unique conversation téléphonique lors de l'adoption. Donc...il décide d'aller à Venice rencontrer cette femme Leila, il tombe amoureux d'elle, lui l'être fumeur et alcolique, l'être libidineux vieillissant, elle, la jolie trentenaire. Puis, il renoue avec son fils, provoque la rencontre de Leila et Billy et l'on comprend que...Leila et Billy finissent par avoir une aventure...Bon cette agnarorèse -révélation finale d’un lien de parenté entre des personnages- est limite et si ce récit rend un peu mal à l'aise (trop d'introspection tue l'introspection... !!), c'est donc autant dans son écriture que par les éléments du récit. La fin est un véritable calvaire, j'avoue, j'ai fait ce que je ne fais jamais, « lire en diagonale » cette dernière partie où l'auteur nous entraine, juste avant de se "vider dans des toilettes", dans sa chute avec Ulysse et sa rencontre avec Dieu...on part alors à bord d'un voilier dans l'espace... !!!Au secours!!! Je tombbeeeeeeeuh.....

 

" Et ce bavardage continue.

Qui dit quoi n'a aucune importance, puisque rien n'a aucun sens et qu'il suffit à chacun de reprendre quand c'est son tour.

L'un dit une chose.

L'autre dit autre chose.

Mais cela pourrait tout aussi bien être l'inverse". Page 571...

 


Voilà donc mon avis, je pense que ce roman longuet est un peu surestimé, monté en épingle et encensé par une critique un peu complaisante. Je ne le conseillerai pas !