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Ce livre porte un titre bien énigmatique, il fait référence à ce que notre cerveau pourrait stocker comme information, une fois enlevé de notre boîte cranienne...
« Le cerveau de Kennedy » est une sorte de hors-série dans l' oeuvre de Mankell, un thriller géo-politique, une sorte de création « mankellienne » et pas particulièrement réussie. Ce livre essaie d'une part de combiner la résolution d'un crime, d'autre part et surtout, de poser des questions politiques et morales de notre société qui, par l'intermédiaire des multinationales, réduit la condition de l'homme africain au rang de cobaye dans les enjeux du traitement du SIDA. Ouf!
L'histoire se déroule aux 4 coins de la planète et je crois bien que si l'on faisait le « bilan carbone » des trajets et voyages...ce livre aurait une très mauvaise note !
C'est de Grèce où elle travaille, que l'héroïne du roman qui se nomme Louise Cantor apprend la mort de son fils Henrik. Louise, qui est archéologue, rentre précipitamment en Suède, elle est anéantie bien sûr et ne croit pas à la thèse du suicide de son jeune fils de 25 ans: retrouvé mort dans son lit, allongé en pyjama (alors qu'il dort toujours nu ...quel indice!) le corps blindé de somnifères, aucune trace de violence ni d'effraction, Elle tente alors de reprendre contact avec le père d'Henrik, avec lequel elle ne vit plus, mais celui-ci est un personnage bien étrange et fuyant; elle finit par le retrouver en...Australie. Tous deux vont entreprendre de comprendre les raisons du décès de leur fils et découvrir la vie secrète que celui-ci menait. Et cela les emmènera tout d'abord en Espagne, à Barcelone, où Henrik possèdait un appartement. Le couple essaie de faire revivre le passé de la vie d'Henrik: interrogatoires des personnes l'ayant cotoyé, fouilles d'ordinateur, de ses dossiers de travail....tout y passe. Ce sont alors des photos de femmes africaines et des silhouettes mystérieuses découpées retrouvées dans un livre qui vont mettre Louise sur une piste, celle de l'Afrique, et plus précisément du Mozambique. Direction Maputo. Entre temps, le père d'Aron, comme à son habitude, disparaît...
Louise est bien sûr particulièrement choquée de la perte de son fils, et ce n'est pas la moindre des qualités d'Henning Mankell que celle de nous faire partager sa détresse. Pleine d'interrogations et persuadée qu'un crime a été commis, elle va alors en plus découvrir l'Afrique. L'Afrique et sa misère, l'Afrique et sa violence, sa corruption, l'Afrique et le terrible fléau qu'est le Sida.
Marchant dans les pas de son fils disparu, Louise va, telle une archéologue, fouiller le passé d'Henrik et découvrir les raisons qui l'ont menées dans ce continent.
J'ai terminé ce roman avec un énorme poids sur le coeur, dans les mains vu les contextes et aussi, un peu perplexe...Certes, il y a un suspense intense, une tension énorme dans ce roman, mais finalement, j'ai bien l'impression que l'auteur n'aura jamais vraiment choisi la bonne piste dans ce livre. A mi-chemin entre le thriller et le documentaire romancé, (Mankell vit ou a vécu au Mozambique) ce livre fait figure de manifeste dans le combat contre le Sida en Afrique et dénonce les méthodes des Occidentaux pour faire du fric avec une cause humanitaire. Du coup, l'intrigue est un prétexte et est un peu laissée pour compte, on navigue à vue et le personnage de Louise n'est pas crédible, tout du moins en tant qu'enquêteuse(...pas en tant que victime/maman).
Dans la postface, Mankell écrit ceci: « Il y a vingt ans, entre la Zambie et l'Angola, j'ai vu un jeune Africain mourir du sida. C'était la première fois, mais pas la dernière. Le souvenir de son visage m'a habité durant toute la préparation et l'écriture de ce livre. »
On comprend mieux alors les motivations de l'auteur, et si, j'avais eu à vivre cela, je crois que j'aurais beaucoup plus accroché à la lecture de ce roman. En tout cas, pas très joyeux à lire en été...