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Titre du blog : Le pivot d'Héricy
Auteur : laugo2
Date de création : 12-04-2009
 
posté le 22-03-2011 à 06:12:05

Le vieux Jardin de Hwang-Sok-Yong

 

 

                    

 

 

C’est la première fois que je lis un écrivain sud-coréen, et il faut avouer qu’à part connaître ce pays comme un pays asiatique producteur de voitures concurrençant nos Peugeot, Citröen ou autres Renault, on n’en connait pas grand-chose…ni  son histoire, ni  sa partition. La Corée du Nord  est une dictature militaire et un des derniers états communistes du monde, ce qui en fait un pays pauvre et isolé, bordé par la Corée du Sud capitaliste(les deux états ont une frontière commune de plus de 1400 Km). Les deux Corée donc sont en guerre idéologique  et parfois en guerre tout court (1 million de militaires pour  séparer, deux pays  et un seul peuple divisé, résultante obsolète de la guerre froide des années 50/60. Bref.

Je ne vais pas faire un résumé de l’Histoire de la Corée ou des Corée…mais il faut avouer que le contexte historique et politique est particulièrement important dans ce roman.

Le vieux jardin est un roman en partie autobiographique racontant l’histoire d’un prisonnier politique qui ressort de prison après 18 années à la dure dans les geôles coréennes ;  O Hyonu était un jeune étudiant opposant politique lorsqu’il s’est fait arrêter après les événements de 1980, quand la dictature militaire a réprimé sévèrement des manifestations de Gwangju, n’hésitant pas à tirer dans la foule désarmée. Ce mouvement, cette révolte sert de toile de fond puisque l’on peut suivre la vie de O Hyonu comme militant, sa clandestinité, son arrestation, sa vie en prison…Mais ce roman est aussi le théâtre d’une belle histoire d’amour entre O Hyonu et Han Yunhi, jeune artiste peintre qu’il rencontre avant son enfermement. A sa sortie de prison donc, O Hyonu cherche à retrouver sa compagne qui malheureusement est décédée. Regagnant le lieu où ils vécurent leur idylle, Monsieur O va retrouver les cahiers de Yunhi, cahiers où elle a consigné sa vie, racontant son expatriation en Allemagne, vivant la chute du mur de Berlin. Hwang Sok-yong établit d’ailleurs un parallèle entre l’histoire de l’Allemagne et des deux Corée et sur la fin du roman, une large partie est consacrée au récit des transformations de la société allemande. L’auteur, dans une histoire partiellement autobiographique, transcrit parfaitement l’idéalisme de l’époque, raconte l’espoir (et les désillusions) de la jeunesse à la recherche de ce « vieux jardin »…Voici les dernières phrases que Han Yunhi  écrit à destination de son amoureux: «  N’as-tu pas aperçu par hasard, ente glissant entre deux rochers, une monde plein de fleurs aux multiples couleurs dans la splendeur du soleil ? As-tu trouvé notre  vieux jardin ? ».

Ce copieux livre est assez extraordinaire, Hwang Sok-yong  a une très belle écriture, un bon mélange de réalisme efficace et de passages plus descriptifs laissant une impression de douceur ; j’ai aimé la présentation de la vie société asiatique (découvertes culinaires, le mode de vie coréen), l’intensité des descriptions de la vie en prison et l’amour que se porte à distance les deux personnages de l’histoire.  « Le vieux jardin » est un beau livre, bien qu’assez peu gai,  qui traduit les rêves de deux êtres, de deux idéalistes et en cette fin de siècle. Bravo à l’auteur et à la maison d’éditions Zulma qui fête cette année ses 20 ans d’existence.

A noter tout de même…je préviens les presbytes …550 pages avec des caractères vraiment très petits.