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Je suis resté un peu sur ma faim, il faut dire que certaines critiques entendues ou lues laissent à penser à un chef d'oeuvre, un pic dans "l'oeuvre" de Michel Houellebecq, écrivain icône de notre société médiatique. L'auteur ne laisse pas indiférent, il est considéré comme un maître pour certains, se fait descendre et n'apparait aux yeux d'autres que comme un usurpateur. Il est peut-être, sans doute, un peu des deux.
J'ai lu ce livre assez vite, ce qui est un bon signe -on n'entrepose pas sur sa table de chevet un tel roman-, il me semble l'avoir apprécié et pourtant, une fois terminé, un souvenir bizarre m'apparait, une impression mitigée. Ce qui me déroute, je crois, c'est qu'on ne sait pas où Houellebecq veut en venir. Quel livre écrit-il, une fiction déguisée en essai ou le contraire?
Ce roman pourrait être l'histoire simple d'un artiste contemporain (un dénommé Jed Martin) un peu "dé-sentimentalisé" et désocialisé; celui-ci rencontre la gloire et surtout l'argent grâce à ses productions photographiques de cartes Michelin et à une série de portraits représentant les petits métiers qui se perdent ou bien encore certaines figures majeures de notre temps (Bill Gates, Steve Jobs,Jeff Koons.). A travers sa réussite, on peut y lire une critique de l'Art, de sa valeur et de son jugement.
Ce livre pourrait être un roman policier, puisque -trouvaille assez géniale d'ailleurs-, Jed Martin, l'artiste solitaire,se trouve mêlé au sanglant assassinat de Houellebecq "himself".
Ce livre pourrait être un témoignage émouvant et saisissant de vérité des rapports d'un fils à son père, un constat de notre société qui creuse des sillons entre les générations.
Mais surtout, globalement, avec toutes ses directions prises par l'auteur, Houellebecq fait de ce livre fourre-tout un livre résolument moderne, comme un cliché ou un panorama de notre société de fric, société contrastée et vieillissante .
Quant au style, il y a de vraies belles pages, des réflexions très humaines (du vécu?) notamment dans tout ce qui touche au "père" ou à l'amour, au bonheur d'aimer. Houellebecq offre des moments de lecture de pure délectation. Il est aussi drôle qu'il peut être triste et ça, c'est unique. L'idée d'intervenir dans le récit et d'intégrer des personnages médiatiques jouant leur propre rôle comme Jean-Pierre Pernaut ou Frédéric Beigbeder est unique et drôlissime. Par contre, toutes ces pages d'informations qui semblent tirées de ...Wikipédia, parait-il, sont vraiment superflues et lassantes. Houellebecq patauge un peu dans la deuxième partie du roman à cause de ces longues digressions qui m'ont un peu ennuyé.
Et alors finalement, ce chauffe-eau dont il est question au début du livre, emmènera-t-il Houellebecq vers le prix Goncourt?
Commentaires
Certainement pas un chef d'oeuvre, mais une lecture indéniablement intéressante.